L’idée a germé lorsque Gilmara Gabriel, originaire du Brésil, est retournée faire un séjour dans son pays d’origine. C’est en voyant un membre de sa famille faire des salades en pots qu’elle a voulu dupliquer l’idée en France en utilisant uniquement des produits bio et locaux, et sans contenant en plastique. Après de nombreux tests, une formation au management et un démarrage avec des produits du Gers achetés en direct dans les fermes, Gilmara s’installe finalement au MIN en novembre 2020. « Mais nous n’avons reçu notre laboratoire de transformation qu’en janvier dernier, précise la jeune femme. Le gros avantage de se trouver au Grand Marché est d’avoir tous les fournisseurs sous la main. Nous travaillons notamment avec Produit sur son 31, association qui collecte la marchandise chez les agriculteurs de la région et la distribue depuis le MIN. Les produits sont hyperfrais et leur goût incomparable. Nous avons un planning à l’année qui nous permet de prévoir les recettes en conséquence. Ce fonctionnement me fait gagner un temps fou. Et sur le plan écologique, c’est une très bonne solution. »
L’entreprise Bocal en boucle propose cinq recettes par semaine, dont trois nouvelles. Les plats sont préparés sur place et conditionnés en bocaux, puis livrés soit en entreprise, soit dans les magasins bio de l’agglomération toulousaine. Les bocaux sont ensuite récupérés, lavés et réutilisés. La TPE a reçu le soutien financier de la Région Occitanie pour s’équiper en matériel de production et de lavage performant. Mais son secret, pour éviter tout gaspillage de matière première et atteindre le zéro déchet tout en maîtrisant la chaîne, de la fabrication au retour des contenants, c’est son logiciel de gestion. « Nous l’avons créé avec mon mari, qui a depuis rejoint l’entreprise, et un ami dont c’est le métier, reprend Gilmara. Cet outil nous permet de changer de recette au pied levé, en cas de réception d’un ingrédient nouveau, de gérer les marchandises pour ne rien jeter, d’imprimer nos propres étiquettes, de suivre à distance nos bocaux pleins et vides, disposés dans des frigos et des bacs de retour connectés, installés dans nos entreprises clientes et surtout de maîtriser nos coûts. Il nous permet de faire du volume, tout en gardant une fabrication faite maison. »
Aujourd’hui, Bocal en boucle commercialise entre 7,50 € et 8 € pièce, 600 à 700 bocaux par semaine à une dizaine d’entreprises, dans lesquels 90 % des contenants sont récupérés après dégustation. Elle livre aussi une douzaine de magasins bio comme Biocoop ou Drive tout nu, où 1 € de consigne est rendu au consommateur lorsqu’il rapporte son bocal. La TPE propose aussi des plateaux-repas avec son système de bocal, pour des buffets, au même tarif que les traiteurs. Elle a réalisé 70 000 € de chiffre d’affaires en 2020 et table sur 200 000 € en 2021. Cette croissance a entraîné une montée de l’effectif qui compte aujourd’hui sept salariés. Gilmara met un point d’honneur à recruter, par le biais de France Horizon, « des personnes en difficulté qui ont besoin de travailler. Nous sommes contents de leur donner une chance, ça se passe toujours très bien, même si l’on rencontre parfois la barrière de la langue », assure la chef d’entreprise, qui précise qu’elle compte créer d’autres unités de production de 200 m², comme celle de Toulouse, pour se développer sur le marché national. « Nous avons beaucoup de demandes dans d’autres villes », reconnaît-elle.
Florence Jacquemoud