Pendant trois jours, au début de mars, près d’une vingtaine d’exposants ont présenté aux responsables de magasins de primeurs et d’enseignes de distribution, aux chefs de rayon fruits et légumes, aux grossistes, aux revendeurs sur les marchés, etc. leurs innovations en termes d’agencement et de vente de fruits et légumes. À cette occasion, le CTIFL, organisateur de la manifestation, a annoncé qu’il allait créer un laboratoire expérimental sous forme de boutique de 100 m², à la Maison des fruits et légumes, dans le 17e arrondissement de Paris, où se trouve son siège social, et recruter des volontaires pour tester de nouvelles solutions d’agencement. « Nous allons mener une réflexion sur le cheminement des clients, à la façon de ce que font les magasins Ikea, confie Gilles Christy, directeur de la prospective et des études économiques au CTIFL. Nous expérimenterons aussi du mobilier, des luminaires, des écrans digitaux, des étiquettes connectées, etc. et des nouvelles technologies de hightracking. Des lunettes connectées permettent, par exemple, de savoir ce qu’une personne regarde en premier dans le rayon (marque, prix, etc.) et un bracelet, de mesurer son activité cardiaque et électrodermale. Ces indicateurs corporels fournissent de bonnes informations sur l’intérêt porté à un produit. Nous allons ainsi tester l’acceptation de ces prototypes par la clientèle et leur perception par les professionnels. » Le CTIFL a également mis en place un groupe « point de vente », qui rassemble l’ensemble des familles des fruits & légumes et qui se réunira une fois par an pour réfléchir aux travaux à mener l’année suivante. Certaines des nouvelles technologies ou solutions proposées ont été présentées à l’occasion d’une table ronde.
Areco, pionnière de la conservation par nébulisation au rayon fruits et légumes, dont l’activité a explosé en 1999 avec le développement des magasins Grand Frais, qui ont adopté cette technique, est aujourd’hui portée par l’évolution mondiale des modes de consommation, visant à diminuer l’utilisation des plastiques et la consommation énergétique des équipements de froid. « Dans ce domaine, nous proposons désormais des plaques réfrigérées qui refroidissent par contact et permettent de garder au frais, côte à côte, certains produits, plus que d’autres, explique Michel Gschwind, président d’Areco. Nous allons par ailleurs tester, dans un magasin bio de la région marseillaise, notre nouveau concept Addetect. Il s’agit de caméras en 3D qui détectent les produits choisis, en temps réel et en rayon, ce qui permet un réapprovisionnement rapide. Les objectifs captent les mouvements de la main du client, qui déclenchent également l’apparition sur un bandeau digital, d’informations sur les marchandises (provenance, variété, prix, etc.). Demain, le commerçant pourra aussi obtenir en direct un retour sur l’état de qualité et de fraîcheur de ses produits en rayon. Aujourd’hui, ces caméras coûtent très cher, mais ça va évoluer. » « Tous les outils qui peuvent nous aider à gérer les changements de prix, 3 à 7 fois par semaine, sont les bienvenus, reconnaît Patrick Cossart, détaillant à Talence (Gironde). Mais la digitalisation sur le rayon n’est pas facile à mettre en place. »
Kawa Group a, pour sa part, créé une application pour smartphone qui permet aux points de vente de communiquer très rapidement vers leurs clients, par exemple, sur des promotions flashs sur les invendus. Véritable outil de fidélisation, cette appli garde une traçabilité des connexions et des recherches des consommateurs. Ces derniers peuvent trouver des informations sur les arrivages et passer commande au magasin. « Comme nous pouvons tout mesurer, nous nous sommes rendu compte que les produits qui ont le plus de visites sur l’appli sont ceux qui sont proposés dans les rubriques du style “un produit, un plat, un jour”, détaille MayassSoukarieh, dirigeant de Kawa Group. Cela fonctionne mieux que les promotions. La digitalisation coûte cher, mais elle apporte une grande valeur ajoutée, si l’on utilise correctement les datas. »
■ Florence Jacquemoud