Lorsqu’elle regarde les plans des bâtiments du MIN de Toulouse -Occitanie, affichés sur un mur de son bureau, et les cellules qu’il lui reste à louer, Maguelone Pontier, la nouvelle directrice du Grand Marché, se demande comment elle va pouvoir accueillir toutes les entreprises qui l’ont contactée pour s’installer sur le site. -Repris le 1er juillet dernier par le groupement Lumin’
Toulouse, composé de la Semmaris, société gestionnaire du MIN de Rungis, de Poste Immo et de la Caisse d’épargne (voir Rungis Actualités d’octobre 2017), le MIN de Toulouse se réorganise et connaît un regain d’intérêt aux yeux des professionnels du secteur. « L’arrivée de la Semmaris engendre une nouvelle dynamique et un engoue-ment autour de nos projets, confie la directrice. Nous allons notamment créer un vrai pavillon de la gastronomie, qui regrou-pera notre offre en vins et produits du terroir (conserves, foie gras…), où nous voulons faire venir des spécialistes en fromages et produits laitiers. Nous allons essayer de travailler avec des entreprises locales, pour disposer d’approvisionnements de proxi-mité, mais si nous ne trouvons pas, nous élargirons nos recherches. Certaines entreprises déjà présentes sur le MIN, comme -Sublim’Arômes, spécialiste en épicerie fine, feront aussi partie de ce pôle. Notre objectif est de fournir toute la restauration commerciale et -collective, les marchés, les épiciers et de -devenir leur centrale d’achat locale pour les produits régionaux. »
De la viande et des légumes
Le MIN de Toulouse Occitanie va également muscler son secteur produits carnés, qui ne dispose pour le moment que d’une offre logistique. « Notre but est de proposer une offre physique de viande, qui comprendra aussi de la volaille et des œufs, car certains clients aiment voir le produit avant de l’acheter, poursuit Maguelone Pontier. Nous installerons également un atelier de découpe, peut-être en partenariat avec une coopérative agricole régionale. »
Le Grand Marché a également des projets pour son carreau des producteurs qui accueille aujourd’hui trois cent quarante agriculteurs, dont un certain nombre sont encore implantés sur la ceinture verte de Toulouse, qui résiste à l’urbanisation galopante. « Nous allons répertorier les variétés de légumes qui nous manquent et proposer à nos agriculteurs de les cultiver, ajoute la directrice du Grand Marché. Nous mettons en place un partenariat avec les écoles d’agriculture comme l’école d’ingénieurs de Purpan ou l’Ensat (École nationale supérieure d’agronomie de Toulouse), ou encore Supagro (Institut national d’études supérieures agronomiques) à Montpellier, afin qu’elles fassent pour nous de la sélection variétale et des essais qui puissent ensuite se concrétiser par des cultures et un approvisionnement du marché. J’aimerais que l’on puisse participer à l’installation de jeunes agriculteurs, que ce soit en maraîchage, en élevage ou pour commercialiser leurs produits transformés (glaces, fromages…). »
La logistique urbaine du frais
Enfin, le MIN de Toulouse Occitanie s’apprête à prendre en charge, dès janvier 2018, avec l’aide de La Poste, présente sur la partie logistique du site, les livraisons de produits frais destinés au marché -Victor-Hugo, situé en plein centre de -Toulouse. Ce marché couvert renommé va connaître une série de travaux qui le rendront inaccessible aux camionnettes de livraison. Le défi à relever est de taille car il faudra tout livrer avant 7 heures et anti-ciper les embouteillages quotidiens. Lorsqu’on sait que 25 % des places de parking en centre-ville sont utilisées pour livrer les commerces, si cette nouvelle logistique peut alléger le trafic et faciliter la circulation, le jeu en vaut la chandelle.
Florence Jacquemoud
Sublim’Arômes cultive le lien au terroir
Fils d’agriculteur tarn-et-garonnais, Axel Gibert commercialise en gros et demi-gros les produits de la ferme familiale, ceux des voisins, des amis et également ceux d’artisans qui travaillent bien.
Axel Gibert croit aux réseaux, ceux des agri-culteurs et des artisans auprès desquels il s’approvisionne, et ceux des primeurs indépendants, épiceries fines, petits restaurants et bars de l’agglomération toulousaine qui lui achètent ses produits. Lorsqu’il a créé l’entreprise de vente en gros et demi-gros Sublim’Arômes, en 2014, sur le MIN de Toulouse, c’était tout d’abord pour vendre les produits bio de la ferme familiale : le chasselas de -Moissac, les pois chiches, les lentilles, l’ail, l’oignon, cultivés par son père, mais aussi les jus de fruits fabriqués par son frère. Puis se sont ajoutés les vins d’amis vignerons, la farine de pois chiche et de lentilles d’une voisine, le Bapla Cola et les limonades d’un brasseur tarnais ou encore les biscottes périgourdines La -Chanteracoise. « Je ne vends que des produits de l’agriculture bio régionale, bruts ou transformés par les paysans ou les artisans, ainsi que quelques spécialités régionales non bio, confie Axel Gibert. L’important est que les agriculteurs puissent vivre de leur travail, je m’adapte aux prix qu’ils demandent. »
Une empreinte carbone réduite
« Je commercialise tout depuis le MIN, ce qui réduit l’impact carbone de mon activité, d’autant que toutes mes livraisons se font, une fois par semaine, par véhicule électrique. Je travaille avec la coopérative Altern’Mobil, qui n’utilise que des énergies renouvelables. J’ai été le premier grossiste bio à m’installer sur le MIN en 2014 et, depuis fin 2015, les affaires ont le vent en poupe. La demande augmente régulièrement et les projets se multiplient. » Au MIN, le chef d’entreprise a calé ses horaires sur ceux du carreau des producteurs, qui débute à 5 h 30 les mercredis et vendredis. « Nous avons les mêmes clients », ajoute-t-il. Les autres jours, il ouvre à 8 h, ce qui lui permet d’avoir un rythme de travail correct.
Enfin, Axel Gibert a toujours des projets en tête avec la création de corners avec le Stade toulousain, le lancement de nouveaux produits comme le tartinable de pois chiches et les soupes, qui seront bientôt fabriqués par son frère. À la demande de ses clients, il distribue désormais les plats cuisinés 100 % bio de Karine et Jeff (Le Bonheur est dans le pot), préparés à Revel (Haute-Garonne). Une PME familiale dont la philosophie est très proche de celle du jeune grossiste.
en bref – Fête de la gastronomie : Six chefs pour un brunch
Une centaine de personnes ont pu goûter aux produits de l’agriculture occitane et aux recettes concoctées spécialement à l’occasion du premier brunch MIN’ de Chefs, organisé au MIN de Toulouse -Occitanie, le vendredi 22 septembre, dans le cadre de la Fête de la gastronomie. Six grands restaurateurs de la région avaient été invités à préparer des petits déjeuners, qui ont été servis aux visiteurs, regroupés sur le carreau des producteurs. Le Grand -Marché a également travaillé en partenariat avec l’association des Tables et Auberges de France, qui s’attache à promouvoir les produits locaux et les plats traditionnels de chaque terroir. Des élèves de la filière « cuisine » du centre de formation des apprentis de -Blagnac (Haute-Garonne) ont également assisté les chefs dans leurs préparations.