Un champ de blé en Ile-de-FranceUn champ de blé en Ile-de-France
Par Claire Debreuil

Ile-de-France

terre nourricière

Avec plus de douze millions de bouches à nourrir en Ile-de-France, la région n’a qu’à bien...produire. Ce qu’elle fait d’ailleurs vaillamment en étant à la fois le grand grenier et le prolifique potager du pays. "Rungis étant situé au cœur de l’Ile-de- France, les produits issus de ce terroir arrivent en moins d’une heure : la fraîcheur directement du champ à l’assiette "

Terre agricole

Evoquer l’Ile-de-France, c’est avant tout penser à la plus grande zone urbanisée de l’hexagone. Mais c’est oublier que 569 000 hectares, soit la moitié de sa surface, sont encore des terres agricoles exploitées pour plus de 80 % en céréales et oléo-protéagineux, pour une production annuelle de trois millions de tonnes, même si ce sont deux mille hectares de terres agricoles qui sont transformés chaque année en espaces urbains. Le blé tendre y occupe une place prépondérante avec une production caractérisée par sa qualité et ses très bons rendements, l’équivalent d’un milliard de baguettes vendues chaque année dans la région. Privilégiant les zones céréalières, l’Ile de France compte peu de prairies naturelles et n’est donc pas unegrande région d’élevage.

 

Regardez, tout pousse

L’ile-de France est gâtée par une météo tempérée et de faibles vents mais c’est principalement grâce à la richesse de ses sols qu’elle peut produire une telle diversité de produits. Ainsi, grâce à une épaisse couche de limons qui recouvre les plateaux calcaires, le Vexin, la Vieille-France, Goêle et Multien, l’Orxois, les Brie française, Brie centrale, Brie Est, la Beauce et la Plaine de Versailles hébergent les grandes cultures céréalières. Les Brie boisée et Brie humide sont plus forestières, la Brie laitière est le berceau de la production de lait pour le fromage de Brie (de Meaux), le Montois, le Gâtinais, le Bocage gâtinais, et sur un puzzle de terrains moins favorable à des exploitations de tailles moyennes, le Hurepoix juxtapose des cultures maraichères et tente de résister au déplacement du front urbain, là où le Drouais au relief plus vallonné garde une part d’élevage. Quant à la Butte de Dammartin, les vallées de la Marne et du Morin, le Pays de Bière et la forêt de Fontainebleau, les Yvelines, la Vallée de la Seine en aval de Meulan et la Ceinture de Paris qui sont des régions de vallées, aux sols alluviaux plus ingrats, elles sont traditionnellement vouées aux cultures maraichères et aux prairies. Ainsi, tout pousse dans le terroir Ile-de-France : salades, oignons, navets, courges, asperges, pommes, poires, cerises … On y trouve plus de cinq mille exploitations agricoles. Et tout se déguste également : douze mille cinq cents spécialistes des métiers de bouche et plus de cinq cents entreprises produisent du miel, des chocolats, des fromages, du cidre, des huiles, des moutardes, des farines, du pain… le tout « made in Ile-de-France».

 

Les agriculteurs « salon »

C’est ainsi que sont surnommés les agriculteurs briards qui cultivent du haut de leurs puissantes machines ultra confort leurs propriétés de cent cinquante hectares en moyenne. Car la Seine-et Marne regroupe à elle seule un tiers de la production céréalière et les exploitations y sont florissantes. Profitant de l’histoire (la Beauce et la Brie, souvenons-nous, à l’école), de la proximité de Paris, de terres riches et du réseau d’infrastructures du bassin parisien, ils développent une production multicultures, allant du blé au chanvre en passant par la féverole, la betterave et le maïs.

 

Ceinture verte

Les départements de la moyenne couronne, sont traditionnellement des terres de productions maraîchères. Ainsi 100 % du cresson pousse dans l’Essonne et le département des Yvelines est le roi des salades et des laitues, des oignons, des haricots, des choux fleurs et du persil. Plus proche de la capitale et très urbanisés, les départements de la petite couronne sont majoritairement consacrés à l’horticulture, à hauteur de 60 %, puisqu’ils ne disposent plus que de 8 % de la surface pour cultiver, le reste étant dévoué à l’espace boisé mais surtout à l’urbanisation. Les exploitations sont de très petite taille et généralement enclavées par les villes mais elles misent sur des produits très qualitatifs, profitent de leur proximité de la capitale et se tournent de plus en plus vers le bio. Réparti sur 1 700 hectares, le maraîchage compte 370 exploitations dont 80 écoulent leurs productions sur le carreau du Marché de Rungis et emploie environ 1 800 personnes. L’Ile-de-France est au premier rang pour le persil (48% des volumes nationaux), le poireau (30%), le cresson (44%) et le radis et au quatrième rang pour la salade et les oignons.

 

Infographie illustrant le tonnage de fruits et légumes franciliens par mois en 2015

 

L’irrésistible ascension du Bio

Si la bio ne représente cependant aujourd’hui en Ile-de-France que 2% des surfaces cultivées, elle devrait augmenter de 20 % cette année, soit une conversion de deux mille nouveaux hectares ce qui représente quatre fois plus de conversions que la moyenne de ces trois dernières années dans la région. Et l’objectif annoncé par la loi d’ancrage territorial de l’alimentation, adoptée mi-janvier en première lecture à l’Assemblée nationale d’avoir 40 % des repas locaux, de qualité et sous signe de saison à la cantine en 2020 devrait encore accélérer le processus de développement du bio. Par ailleurs, les franciliens sont dorénavant très attentifs à la qualité et la provenance de la nourriture, privilégiant les circuits courts et appréciant de consommer local.

 

Une région, une identification

Sous l’impulsion du CERVIA Paris Ile-de-France et afin de donner au territoire, aux métiers et aux produits franciliens la place et la visibilité qu’ils méritent, les professionnels sont de plus en plus nombreux – agriculteurs, artisans et transformateurs – à se rassembler autour d’une identité régionale : la marque « Saveurs Paris Ile-de-France ». Volontairement simple, cette marque rapide à identifier se décline en trois versions, pour que le consommateur et les touristes l’identifie immédiatement : en vert, pour les produits agricoles cultivés ou produits en Ile-de-France, en bleu azur pour les produits des artisans des métiers de l’alimentation, inscrits au répertoire des métiers et fabriquant eux-mêmes leurs produits dans cette région et en rouge et gris pour les produits des petites ou moyennes entreprises de transformation agro-alimentaire qui élaborent leurs produits en Ile-de-France. Une déclinaison avec une étoile verte est prévue pour la production bio. Ca a le mérite d’être clair : mangez local en Ile-de-France, quelle que soit la couleur.

 

Et demain ?

Parce que les espaces ouverts subissent de multiples pressions (consommation, fragmentation, altération) et que l’urbanisation touche principalement les espaces agricoles, la loi sur la protection du territoire veille à maintenir l’équilibre. Au niveau national, l’objectif est de réduire de moitié d’ici 2020 le rythme d’artificialisation des terres agricoles (comme le préconise la Loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche). À l’horizon 2030, un ratio similaire sera recherché à l’échelle régionale contribuant ainsi à cet objectif national. Pour la ceinture verte, qui est aujourd’hui composée de 64 % d’espaces agricoles, boisés et naturels et de 36 % d’espaces artificialisés, l’objectif est de maintenir au moins 60 % d’espaces agricoles, boisés et naturels à ce même horizon. Même objectif pour l’espace rural qui constitué de 90 % d’espaces agricoles, boisés et naturels et 10 % d’espaces artificialisés et qu’il faudrait maintenir à 89 % d’espaces agricoles, boisés et naturels, toujours à l’horizon 2030. Il faut maintenir les ruraux pour nourrir les urbains.

 

Une moissonneuse-batteuse dans un champ francilien

 

L’Ile-de-France est au :

 

L’ambassadeur

Quelle région aurait pu espérer aussi vibrionnant défenseur de ses produits que le chef Yannick Alleno, trois étoiles Michelin, à la renommée internationale ? Véritable ambassadeur des producteurs de la région parisienne où il a grandi, il revendique haut et fort la diversité, la qualité et la spécificité des produits de cette région, véritables vedettes de ses cartes et menus : les légumes oubliés de l’Oise, dont le fameux chou de Pontoise, le cresson de l’Essonne, les cerises de Vernouillet, la volaille gâtinaise d’Aufferville…Il a choisi son terroir.

 

Portrait du chef Yannick Alleno

 

Les « Pariculteurs », Objectif : cent hectares en 2020

Paris veut verdir. Alors la ville se mobilise pour végétaliser cent hectares de bâti d’ici 2020 intramuros dont un tiers consacré à l’agriculture urbaine. Mais où ? Sur les toits, les murs, dans les jardins et les parkings, les terrasses, … Conquis par le projet, trente-trois partenaires publics et privés de la ville acceptent de mettre leurs espaces à disposition des agriculteurs et jardiniers en herbe, simples citoyens. Parmi eux, citons la RATP, Monoprix, Bouygues Immobilier, Nexity, ERDF, SNCF … Il s’agit de développer une végétalisation et une agriculture urbaine «zéro phyto», économe en eau. Les AOC fraise du 8eme et blé du Marais sont en train de prendre racine.

Vue aérienne du Champ-de-Mars

 

Le Comptoir du Carreau

Bientôt, sous le carreau des producteurs en fruits et légumes, en partenariat avec l’AIDPFL et le CERVIA, une boutique ouverte toute l’année, regroupant sous un même toit l’offre francilienne en produits alimentaires transformés. Son nom : Le Comptoir du Carreau. Une marque moderne, qui suggère le goût, les produits de qualité et l’artisanat dans le style des nouvelles épiceries; mais aussi une évocation de notre patrimoine gastronomique local, avec la reprise du lys, emblème des différents blasons d’Île de France, comme clin d’œil à la région.

 

La fine fleur parisienne

L’horticulture francilienne est réputée pour la qualité de ses productions. S’étendant aux portes de Paris, elle produit des plantes à massifs (pensées, primevères, géraniums…), des fleurs coupées, des plantes en pot, des arbres et des arbustes d’ornement. Grâce à un savoir-faire reconnu et à un potentiel d’exploitation important de mille hectares de culture en pleine terre et de deux millions de conteneurs hors-sol, la région francilienne est la deuxième région productrice de plantes en pots et la quatrième région productrice de pépinières.

 

Infographie illustrant le nombre de tiges franciliennes livrées à Rungis par mois en 2015