Entre récifs coralliens et forêt tropicale, les pentes de la Soufrière et les plages de sable blanc, les cannes se balancent au gré des alizés, ponctuant le paysage de ces grands plumeaux verts. Si la canne a été introduite dès 1644 pour assurer la prospérité de l’île en se transformant en sucre puis en rhum, ce n’est qu’au XXème siècle que la grande exploitation cannière se développe, métamorphosant les paysages de la Guadeloupe « continentale » (Basse-Terre et Grande-Terre séparée par un bras de mer) et de Marie-Galante.
UNE PRODUCTION DIVERSIFIEE
La Guadeloupe vit aujourd’hui surtout du secteur tertiaire car l’agriculture ne pèse plus que 3%, même si la filière canne avec près de neuf mille emplois directs et indirects est devenue depuis douze ans la première production agricole de l’île en valeur. La production annuelle avoisine les sept cent mille tonnes dont les trois quarts destinés aux sucreries et le reste aux distilleries. Et face à l’engouement pour le rhum ces dernières années, la tendance est à la hausse.
TERRE DE RHUM
Ce territoire français est, avec la Martinique, l’un des plus importants producteurs de rhum agricole au monde, sachant que ce dernier ne représente que 3% de la production mondiale. Mais malheureusement, les rhums de Guadeloupe ne bénéficient pas comme ceux de la Martinique d’une AOC. Il faut donc compter leur production en hectolitres d’alcool pur (HAP) qui avoisine cependant les soixante-dix huit mille hl par an et dont les exportations ne cessent de croître à deux chiffres dans un contexte favorable où les dérogations fiscales pour le rhum traditionnel ont été prolongées jusqu’en 2020.
La plupart des planteurs possédant moins de deux hectares, ils sont surtout pluriactifs et en polyculture. Mais la Guadeloupe compte encore deux distilleries produisant du rhum de sucrerie à partir de mélasse et neuf distilleries agricoles à partir de jus de canne dont trois à Marie-Galante avec des rhums titrant en général à 59° (et non à 55 ou 50 pour la majorité de la production). Damoiseau, la dernière distillerie fumante de Grande-Terre, est sans doute la plus connue en métropole. Montebello, Longueteau, Séverin, Bologne, Reimonenq et sur Marie-Galante, Bielle, Père Labat et Bellevue produisent des rhums raffinés pour les connaisseurs car les distillateurs sont majoritairement restés fidèles à la colonne à distiller en continu donnant des eaux-de-vie très aromatiques.
ELLE A … LA BANANE !
La Guadeloupe exporte désormais ses fruits locaux, banane en tête. Les exportations vers l’Union Européenne n’ont cessé de progresser pour atteindre près de soixante-treize mille tonnes. Depuis 2008, une filière Banane de Guadeloupe & Martinique s’est développée pour promouvoir une agriculture durable, la biodiversité dans les plantations, la diminution des produits phytosanitaires… Depuis 2008 également, l’UGPBAN, l’Union des groupements de producteurs de banane, a acquis un réseau de murisseries pour mieux maitriser la qualité du produit et depuis 2015, elle a lancé le concept de « banane française » pour valoriser la provenance et son mode de production durable. Chaque semaine, un bateau rempli de bananes de Guadeloupe part vers l’Europe transportant deux cent cinquante conteneurs, soit cinq mille tonnes de fruits ou vingt-seppt millions de bananes. « La filière constitue le premier employeur du secteur agricole de l’île avec 40% des salariés, souligne Francis Lignières, président des producteurs de bananes de Guadeloupe. Notre objectif est d’atteindre une capacité de production de 100 000 tonnes d’ici 2020, tout à fait atteignable du fait d’une très forte demande de la banane antillaise ».
LES SAVEURS A L’EXPORT
Mais elle n’est pas la seule…a avoir la banane car les fruits et légumes locaux s’exportent de mieux en mieux. D’abord cantonnés dans les magasins ethniques ou spécialisés, ils ont su conquérir ces dernières années de nombreux linéaires. Parmi les plus appréciés, l’ananas, la goyave, la mangue, la grenade, la papaye… Encore méconnus, le corossol, le carambole, le tamarin, la christophine, le gombo, l’igname… La Guadeloupe produit également de la vanille, celle qu’utilisaient aztèques et incas pour agrémenter leur chocolat, avec un taux de vanilline prononcé.
DU FRUIT A LA FLEUR
Dès le 16ème siècle, Karukera, l’île aux belles eaux comme l’appelaient les indiens Caraïbes, produit des épices, de l’indigo, du café, de la vanille qui rentrent en Europe dans les cales des colons. Aujourd’hui, l’île est spécialisée dans la production de fleurs exotiques puisqu’elle a répertorié plus de deux mille sept cents catégories de plantes à fleurs dont plus de cent variétés d’orchidées et deux cent soixante-dix fougères. Parmi les plus connues de l’autre côté de l’océan et que l’on peut retrouver chez les fleuristes, l’alpinia, l’anthurium, le balisier (ou oiseau de paradis), le canna, l’hibiscus, les roses de porcelaine, et bien sûr les orchidées.
Cécile Oliveira
