L’appellation actuelle « camembert de Normandie » va perdurer, mais son cahier des charges sera assoupli. En revanche, une nouvelle mention « véritable camembert de Normandie » va être créée. Plus exigeante, elle devrait pouvoir accueillir les actuels producteurs inscrits dans la démarche AOP. Cette double AOP devrait mettre fi n à une guerre de cent ans autour de ce fromage inventé lors de la Révolution française par Marie Harel, sur les conseils d’un prêtre réfractaire de la Brie, de passage dans la région. En 1909, un Syndicat des fabricants du véritable camembert de Normandie voit le jour et définit ainsi le mode de fabrication du fromage :
« Est camembert un fromage
à pâte molle égouttée, ni pressée, ni malaxée, légèrement salée, à moisissures superficielles, de format rond, du poids maximum de 350 g, d’un diamètre de 10 à
11 cm, dont la matière sèche renferme un minimum de 38 % de matière grasse, provenant du lait pur de vache et fabriqué en Basse-Normandie ». Une estampille syndicale permet alors de repérer les fromages correspondant à cette définition. Mais le 20 janvier 1926, un jugement de la cour d’appel d’Orléans décide que le nom de camembert est devenu un terme générique tombé dans le domaine public. Alors, les producteurs tentent tout de même de retrouver un signe de qualité avec, en 1968, la création d’un Label rouge, puis en 1983, d’une AOP camembert de Normandie. Néanmoins, cette appellation est demeurée affaiblie depuis cette époque par des dénominations concurrentes comme « camembert fabriqué en Normandie », souvent utilisées parles industriels et sans aucune garantie pour le consommateur. « Depuis 1992, les mentions comme « fabriqué en Normandie » sont interdites, mais l’État n’a jamais fait respecter cette disposition », déplore Patrick Mercier, président de l’ODG camembert de Normandie. Cette tolérance n’étonne guère, quand on considère le poids du marché. Rien qu’en France, il se vend 15 camemberts chaque seconde, soit 120 000 tonnes/an, dont seulement 10 % fabriqués au lait cru. Priver l’industrie agroalimentaire d’une appellation vendeuse pour conforter une production vertueuse mais très minoritaire ne va pas de soi pour les autorités, qui ont préféré orienter les différents acteurs vers un compromis. Même si la Normandie est le pays du compromis, ce dernier a mis du temps à être défini. En 2007, l’Association de défense et de gestion de l’AOP camembert de Normandie est venue remplacer le syndicat interprofessionnel. Sous la présidence de Patrick Mercier, bien décidé à faire avancer le dossier, un accord a été trouvé entre les petits producteurs et les industriels, avec la création de cette AOP à deux vitesses. Les experts de l’Inao, qui sont en train de réviser l’aire d’appellation, devraient bientôt rendre leurs conclusions. En effet, la surface du territoire de production devrait être agrandie de 10 à 15 % afin de permettre à des producteurs dont les fabrications correspondent aux nouveaux cahiers des charges de bénéficier de l’AOP.
Connaissez-vous la recette du ... Burger de saumon gravlax, camembert de Normandie et graine de wasabi
A tester chez vous sans plus attendre !
Que boire avec ... le camembert ?
Qui dit bons produits, dit bon vin !