Ah, la poire… Par où commencer ? Je pourrais par exemple vous entretenir, entre la poire et le fromage, de cette caricature grinçante mais très réussie (à s’en fendre la poire) qu’Honoré Daumier consacra en 1831 à Louis-Philippe. Baptisée Les Poires, celle-ci raillait la baisse de popularité du «Roi des Français» en transformant, en quatre dessins, le visage de l’infortuné en ce fruit à la forme si caractéristique… Pour le coup, il s’en est pris plein la poire, le bon monarque !
Quel dommage, d’ailleurs, que ce fruit doux et sucré, qui compte plus de 1000 variétés et que l’on déguste principalement en automne, pâtisse parfois d’une symbolique péjorative ! Car enfin, ne qualifie-t-on pas de poire molle l’être faible de caractère, ou de bonne poire le naïf ?
C’est faire bien mauvais sort à celle qui, de bouche, à cuire ou à cidre, nous régale sous toutes les formes : nature, séchée, en sirop ou en eau de vie. Elle est d’ailleurs si juteuse, si généreuse que l’on en conserve toujours une pour la soif si l’on est un tant soi peu prévoyant. Aussi rendons justice à ce fruit qui d’ailleurs, en Chine d’où il est originaire, ne se partage pas : si les intéressés nous expliquent que cela symbolise la rupture avec une personne, je les soupçonne, pour ma part, de ne pas couper la poire en deux pour mieux la savourer en égoïstes !