Triperie : la tradition en héritage

Place forte de la commercialisation des produits tripiers en France, le pavillon V1T est animé par une majorité d’entreprises dont le savoir-faire est surtout une affaire de famille.

Triperie : la tradition en héritageLa place Saint-Hubert offrira bientôt un visage plus avenant aux visiteurs du « quartier de la viande ». Après l’achèvement du nouveau bâtiment de la découpe porcine (VM1), dont plusieurs magasins d’accessoires donneront sur la place, le pavillon V1T va se prêter à une séance de rajeunissement. Les façades du vaisseau amiral des tripiers seront entièrement reprises, avec des codes couleur en harmonie avec les bâtiments voisins du porc et de la volaille. En attendant, des travaux d’extension sont actuellement à l’œuvre du côté de la rue des Prouvaires. Quatre entreprises du pavillon (Canu, -Nadaud Delahaye, Paviadis et Sud Ouest Abats) y font construire des locaux frigorifiques supplémentaires sur une surface totale de 700 m2. Cet agrandissement sur l’emplacement d’anciennes coursives vitrées aura pour conséquence d’améliorer l’isolation, et donc la qualité de froid sous le bâtiment.
« Ces investissements témoignent de la volonté des entreprises d’aller de l’avant, malgré un contexte de marché difficile pour les produits tripiers et la viande en général », se félicite Serge Nadaud, dirigeant de Nadaud Delahaye, mais aussi président de la Sogemab – la société de manutention commune du pavillon – et vice-président depuis 2018 de la Confédération nationale de la triperie française (CNTF). Tandis que le volume global commercialisé tend à baisser (-3,9 %, à 33 000 tonnes l’année dernière), la dizaine d’entreprises du pavillon affiche une activité stable, voire à la hausse, à la faveur de la baisse du nombre d’intervenants.

Au fil des années, les grossistes du V1T ont su fidéliser leur clientèle en élargissant leur offre (notamment à la viande sous vide) et en améliorant les services comme la livraison. « Nous sommes aujourd’hui en mesure de livrer en jour A pour B ou même en A pour A », détaille Serge Nadaud. Une réactivité appréciée du public très varié du pavillon. « Le pavillon dessert aussi bien les tripiers détaillants de Paris et de province que des bouchers traditionnels – dont certains sont très investis dans nos produits –, des boucheries musulmanes – très consommatrices d’abats –, des grandes surfaces et bien sûr des restaurants. Les clients du marché savent qu’ils disposent ici d’une offre sans équivalent, tant en volume qu’en qualité et en fraîcheur. Le pavillon est un incontournable du marché du produit tripier en France, que ce soit à la vente ou à l’achat. »

Des liens filiaux

La dynamique du pavillon s’appuie sur une forte culture du produit et d’entreprise. « La majorité des entreprises qui sont ici sont des sociétés familiales qui se transmettent de génération en génération, témoigne Serge Nadaud. C’est le cas chez moi. Après avoir piloté la société pendant vingt ans au côté de Serge Delahaye, je la dirige désormais avec son fils Yann, qui a 29 ans. Mon fils de 21 ans, Baptiste, nous a également rejoints. »
Le cas est loin d’être isolé. Des dynasties président également aux destinées des entreprises Arnoult, Cabadis, Pommier, Prodal ou Sud Ouest Abats. « Si les nouvelles générations continuent de prendre le relais, c’est que nous n’avons pas dû si mal faire le boulot », plaisante Serge Nadaud, qui assure « faire partie des vieux » dans son entreprise « où la moitié du personnel a moins de 25 ans ». Ravi de communiquer à la génération suivante sa culture du produit et du secteur, Serge Nadaud estime que la transmission du savoir-faire et des valeurs est le meilleur gage de pérennité du pavillon. La jeune génération apporte son dynamisme, une vision nouvelle, mais aussi sa connaissance des nouveaux outils, notamment numériques. « C’est une génération qui est née avec les écrans, qui sont aujourd’hui présents partout dans l’entreprise, depuis la production jusqu’à la préparation de commande. »

Bruno Carlhian