« Depuis 2019, ce quai était vide, le train ne sifflait plus. Pourtant, le train est consubstantiel au Marché. Il y avait un train aux Halles de Paris qui amenait les fruits et légumes
d’Orléans. On ne pouvait pas accepter que tout cela soit fini ». Il n’est pas tout à fait 3 heures du matin, sur le quai de la gare de Rungis. Stéphane Layani, président du Marché de Rungis, s’adresse à la foule des invités qui se presse sur le quai, un verre de vin chaud à la main. Il n’y a que quelques minutes à attendre avant le retour du Train des primeurs à Rungis. Le convoi est parti 12 h plus tôt de Perpignan. Le Premier ministre Jean Castex, qui, dès l’été 2020, quelques semaines après sa nomination à Matignon, s’était engagé sur ce retour du train à Rungis, était sur place pour donner le départ du convoi. « J’ai pris l’engagement, c’était en juillet 2020, de rouvrir le train des primeurs, rappelle le Premier ministre. Et aujourd’hui, je viens vous dire d’abord que cet engagement est tenu, tout simplement ».
« Nous ne pouvons pas dépendre seulement des camions pour nourrir 20 millions de Franciliens »,
explique Stéphane Layani, 12 h plus tard, sur le quai du terminal ferroviaire de Rungis. Il a rappelé qu’autour de fret SNCF, de nombreux opérateurs se sont engagés. Le transporteur Primever a été retenu pour s’occuper de l’acheminement. De nombreux grossistes et importateurs du Marché ont décidé de jouer le jeu et de confier leurs marchandises au train. Tout est mis en place pour que la réussite soit au rendez-vous. Le convoi se compose de 12 wagons réfrigérés. Il dispose d’un sillon sur le réseau ferré lui permettant de rouler à 140 km/h. « C’est le TGV des primeurs » selon la formule de Stéphane Layani. Il va circuler cinq jours par semaine, du mardi au samedi. L’arrivée de ce train n’est qu’une étape du renouveau du rail à Rungis. En réalité, ce 22 octobre « nous n’inaugurons qu’une partie de la réalisation de cet engagement », expliquait Jean Castex. Le deuxième segment concerne le transport de conteneurs sur l’autoroute ferroviaire Le Boulou-Gennevilliers. La ligne Perpignan Rungis sera couplée avec ce segment. Alors, ce sera « 26 000 camions équivalents qui seront retirés des routes ». Cette liaison devrait être ouverte en décembre prochain. Enfin, Stéphane Layani a indiqué qu’il devait prochainement lancer « un appel à projets pour une gare multimodale à Rungis ». L’appel portera sur une consultation pour le développement d’un terminal de transport combiné rail-route sur plus de 120 000 m2 à Rungis. Elle pourra être complétée à terme par d’autres technologies. En plus de la ligne Perpignan-Rungis, le marché parisien a la capacité d’accueillir trois lignes supplémentaires : Dunkerque-Rungis ; Avignon-Rungis ; Rungis-Rotterdam.
Olivier Masbou