Le marché de Rungis a accumulé un important savoir-faire en logistique. Cette fonction fait même partie de ses activités les plus dynamiques.
S’il est un domaine dans lequel le marché de Rungis a considérablement développé sa compétence depuis un demi-siècle, c’est bien celui de la logistique, en particulier en aval, vers ses clients. « À l’ouverture du marché de Rungis, l’immense majorité des clients enlevaient eux-mêmes la marchandise qu’ils achetaient, rappelle Aminata Diop, chef du service logistique, innovation et développement France de la Semmaris. Cette pratique est encore en vigueur dans certains secteurs, comme les fruits et légumes où la clientèle foraine est importante. Mais elle a eu tendance à se réduire ces dernières années au profit de la livraison. On estime que la moitié des clients de Rungis se font livrer. Une proportion qui devrait atteindre 60 % dans les prochaines années selon nos projections. »
Cette évolution a eu de fortes conséquences sur le marché de Rungis. Les activités « logistiques », exécutées hors des carreaux de vente, représentent aujourd’hui près de 47 % du chiffre d’affaires du marché en 2017. « Au-delà des traditionnels transporteurs logisticiens, l’activité logistique est aussi en croissance chez les grossistes livreurs, une fonction généralement assurée par leur propre flotte pour les grossistes à service complet ou par le biais de prestataires pour les grossistes sur carreau », note Aminata Diop. La majorité des leaders du transport sous température dirigée sont représentés à Rungis et réalisent, avec leurs outsiders, plus de 800 millions d’euros de chiffre d’affaires avec le marché.
Des zones convoitées
Le développement de la fonction logistique a notamment profité aux zones situées en périphérie du marché et particulièrement vouées à ces activités. C’est notamment le cas de la zone des entrepôts, située au sud du marché, en direction d’Orly, où se trouve notamment Metro. En 2016, l’activité y a encore grimpé de 7 %, soit à un rythme plus élevé que le marché physique (+2 %). Cette zone de neuf entrepôts dédiés à la logistique fait aujourd’hui l’objet d’un fort intérêt de la part d’acteurs du MIN et de l’extérieur : Pomona et la SIIM y font actuellement construire des bâtiments. « Nous avons des demandes d’entrepôts aussi bien très grands que petits, auxquelles nous devrions répondre par une certaine densification de manière à développer la surface bâtie. Concernant les très grands, nous avons même envisagé la possibilité d’en édifier sur deux étages, ce qui serait une formule tout à fait révolutionnaire dans le frais », précise Aminata Diop.
D’autres secteurs du marché bénéficient du développement de l’activité logistique. Il s’agit en particulier de la zone Delta où est implanté le spécialiste de la logistique grand export Bolloré Logistics, ou les importateurs Greenyard et Comexa. C’est aussi le cas de la périphérie nord du marché où des acteurs importants du transport et de la livraison, comme Stef et Delifresh, se sont installés. « L’enjeu des années qui viennent, c’est de conforter notre position de première plate-forme logistique du dernier kilomètre en matière agroalimentaire, relève Aminata Diop. Mais c’est aussi de jouer un rôle moteur en matière de logistique efficiente et respectueuse de l’environnement, ce qui se traduit par de nombreuses actions engagées dans le domaine des transports propres : mise à disposition de bornes de recharge électrique, de stations de gaz GNV, de véhicules en autopartage, et de la prochaine ouverture d’une station azote. »
Bruno Carlhian