Hervé DiersHervé Diers

Hervé Diers

Retour gagnant au port

Boulonnais d’origine, Hervé Diers s’est frotté au monde de la crème glacée, des sirops puis de la charcuterie-traiteur avant de revenir dans sa ville natale pour y développer le poisson fumé premium. Pari gagné !

D’un simple nom, il a fait une marque prestigieuse. En moins de quinze ans, Hervé Diers a fait d’une entreprise de fumaison issue de la plus pure tradition boulonnaise un acteur incontournable de la saurisserie, dont les produits sont régulièrement distingués.
À la barre de cette PME depuis 2001, ce Boulonnais a construit pas à pas la réputation de son entreprise. Son credo : la production de poissons fumés de qualité. Car, pour cet autodidacte, authenticité rime avec naturalité. « Mes produits ? Du poisson, du sel et de la fumée… un point c’est tout  ! explique-t-il. Mais surtout, laisser du temps au temps ! » Et il en va de ses produits d’excellence comme de sa petite entreprise. Hervé Diers, qui a repris l’entreprise JC David en 2001, reconnaît avoir dû dépoussiérer la belle endormie. En 2005, Auchan lui met le pied à l’étrier en lui référençant une dizaine de produits. Il s’appuie sur la marque Saveurs en’Or et le groupement qualité pour développer une gamme de produits de fumaison de qualité. En industriel avisé, il est intraitable sur la matière première, qu’il s’agisse du hareng pêché en Norvège ou au large de Boulogne-sur-Mer, de l’églefin ou du saumon qu’il négocie avec l’écossais Loch Duart. En 2007, il fait passer un cap à l’entreprise en la déménageant à quelques centaines de mètres pour investir les anciens locaux de Gaston-Seillier, une maison fondée en 1928, fermée en 1993 et dont les véritables fours à bois sont restés inactifs pendant treize ans ! Dix-huit mois plus tard, avec un investissement de 1,7 million d’euros, les locaux sont réhabilités.

Dans l’air du temps
Hervé Diers collectionne les signes et marques de qualité : Saveurs en’Or, label de l‘entreprise du patrimoine vivant en 2011, label Rouge pour les filets de hareng doux en septembre 2011… Après s’être introduits dans les poissonneries et les brasseries, ses produits séduisent la gastronomie et la bistronomie, et entrent dans le réseau des brasseries comme Lipp, Georges à la Porte Maillot ou Rech d’Alain Ducasse, avenue des Ternes. Hervé Diers approche sans complexe les grands chefs, comme Joël Robuchon, Claude Gagnaire ou Philippe Etchebest. L’un des chefs cuisiniers d’Alain Ducasse est originaire de Rang-du-Fliers (Pas-de-Calais), ça aide !
L’entrepreneur rêve aujourd’hui de s’attaquer au e-commerce en embauchant des jeunes pour son compte Facebook, « pour être dans l’ère du temps ! » Il imagine une boutique au cœur de la capitale où l’on fumerait le poisson, à l’image des boucheries où l’on mature la viande. À 66 ans, Hervé Diers prépare la relève avec soin, mais sans précipitation. « Je vais passer le témoin progressivement. » La relève devrait être connue en janvier prochain.
Thierry Becqueriaux

Infos clés

Ets JC David
15, rue Georges-Honoré
62200 Boulogne-sur-Mer
Tél. : (33) 03 21 87 38 31
Fax : (33) 03 21 33 68 82
E-mail : jcdavidsalaison@jcdavid.fr
Chiffre d’affaires : 8,2 M€, dont la moitié avec Rungis

Bio

Hervé Diers est un pur boulonnais. Ses parents étaient commerçants en radio, TV, hi-fi, en plein centre-ville de Boulogne-sur-Mer. Tout jeune, il aide son père à livrer des téléviseurs accrochés sur le porte-bagages de son vélo dans tout Boulogne. Il n’a pas fait de longues études, mais est fier d’arborer le même CV que Paul Bocuse qui disait : « J’ai deux bacs : un à eau froide et l’autre à eau chaude ! » Après avoir fait ses premières armes chez Frigécrème puis chez Teisseire, il entre au Grand Saloir Saint-Nicolas. L’entreprise de char-cuterie-traiteur est réputée pour son image traditionnelle de terroir. Hervé Diers en retiendra l’idée. Il reviendra à son port d’attache en 2001, pour racheter l’entreprise JC David dans la zone boulonnaise de Capécure. En avril 2016, il a ouvert son capital à deux investisseurs privés : le fonds Ardens IV d’Apicap et Jacana Invest. Les deux dirigeants, Laurent Gressier et Hervé Diers, conservent 30 % des parts et la direction de la société.

Dixit

« Je suis un vieux connaisseur de Rungis. C’est là-bas que j’ai fait la connaissance de Jean-Claude David, l’ancien propriétaire de l’entreprise ! À l’époque, les poissonniers parisiens venaient chez lui pour s’approvisionner directement en poissons fumés. À présent, j’y ai des comptoirs mais aussi des mandataires. Rungis est mon principal client. J’y réalise près de la moitié de mon chiffre d’affaires. »