Silvère Moreau, président de l’OPEFSilvère Moreau, président de l’OPEF

Silvère Moreau, président de l’OPEF

« Les poissonniers ont été solidaires dans la crise »

Secouée par la dégringolade du tourisme côtier, la poissonnerie tente de remonter la pente. Silvère Moreau, artisan et président de l’OPEF, tente de trouver des motifs d’optimisme.

Poissonnier sur la très touristique île de Ré, Silvère Moreau a subi de plein fouet les conséquences de la pandémie. « On ne le sait pas toujours, mais près de 70 % des poissonneries de détail sont situées sur les côtes et dépendent en grande partie de la clientèle de passage pendant les week-ends et les vacances », précise l’artisan rhétais, qui a pris en 2019 la présidence de l’organisation unifiée des poissonniers, l’OPEF. « Comme l’activité touristique s’est effondrée, les poissonniers de ces territoires ont vu leurs ventes chuter, à la différence de ceux des grandes villes, et notamment de Paris, qui ont bénéficié, comme les bouchers ou les cavistes, de l’attrait des Français pour le commerce de proximité. »
Les détaillants sortent globalement déstabilisés de cette crise, estime Silvère Moreau qui craint que les difficultés soient encore « devant eux » avec le remboursement du PGE. « Pour que la reprise soit réussie, il faut que nous disposions de plus de certitudes, par exemple sur l’accès des salariés saisonniers au chômage partiel dont la remise en cause risque de freiner les embauches », développe le représentant des poissonniers, qui déplore que leur rôle en tant qu’acteurs « de la deuxième ligne n’ait pas été suffisamment reconnu ».
Heureusement, le secteur a fait preuve d’une solidarité sans faille, d’après Silvère Moreau. « Nous n’aurions pas pu défendre nos intérêts comme nous l’avons fait si nous n’avions pas été unis , souligne le président des détaillants. Alors que les organisations précédentes (UNPF et confédération des poissonniers-écaillers) comptaient à elles deux à peine plus de 400 adhérents, l’OPEF en comptabilise désormais plus de 520 », se félicite le président de la nouvelle organisation, qui fait entendre sa voix au sein de la CGAD et de l’U2P. L’OPEF a notamment permis de faire évoluer positivement la convention collective de la poissonnerie (qui rassemble 3 000 entreprises, détaillants et grossistes), sur des thèmes comme la prévoyance ou la formation, avec la création d’un contrat de qualification professionnelle (CQP) qui favorise l’entrée de nouveaux dans le métier.
Par ailleurs, une vague de solidarité s’est aussi manifestée entre détaillants et grossistes. « Quand l’activité des ports de pêche s’est brutalement ralentie, les grossistes ont joué un rôle de facilitateur pour maintenir l’approvisionnement y compris auprès de nouveaux clients », affirme Silvère Moreau. La crise aura eu un effet positif sur la communication dans la filière. « Enfin, le monde de la marée se parle ! », se félicite Silvère Moreau à propos des réunions hebdomadaires en visioconférence, organisées depuis le premier confinement et réunissant l’ensemble des acteurs sous l’égide de FranceAgriMer. « C’est une autre forme de reconnaissance. Les poissonniers représentent 20 % des ventes de poissons, mais beaucoup plus dans l’équilibre de la filière pêche française. »
Bruno Carlhian

Poissonnerie Nelly
Avenue de la Plage
17580 Le Bois-Plage-en-Ré

522 poissonniers adhèrent à ce jour à l’organisation des poissonniers écaillers de France, qui représente désormais la profession dans toutes les instances professionnelles et interprofessionnelles.

L’histoire

Silvère Moreau, bientôt 50 ans, a commencé très tôt à travailler dans la poissonnerie familiale de l’île de Ré, qu’il rachète en 2008. Son activité s’articule aujourd’hui entre une activité de poissonnerie de marché et un atelier de traiteur de la mer où l’on retrouve salades de la mer, plats de poissons, et saurisserie. Le commerce compte neuf employés et trois ou quatre saisonniers. Engagé au sein de l’Union nationale de la poissonnerie française (UNPF) pour défendre les intérêts des poissonniers, il en devient le président en 2017. Un accord entre son organisation et l’autre syndicat du secteur, la Confédération nationale des poissonniers-écaillers de France, donne naissance en 2019 à une structure unique, l’Organisation des poissonniers-écaillers de France (OPEF), dont il prend la présidence.

« La transmission reste un enjeu très fort pour notre métier. Il est nécessaire d’en améliorer l’attractivité. Les concours comme le MAF y contribuent. »