L’orange, star des agrumes

Les clichés ont l’écorce dure. Durant le confinement, les Français se sont remis aux fourneaux et n’ont pas hésité à consommer davantage de produits susceptibles de renforcer leurs défenses immunitaires. Un appel d’air s’est ainsi créé en faveur des oranges en provenance de Méditerranée. « Les approvisionnements en fin de campagne se sont asséchés plus vite que prévu, d’autant que la récolte était moins plantureuse que l’année précédente. Ainsi, la maltaise de Tunisie et la salustiana espagnole ont disparu des étals fin mars-début avril », écrit Le Monde en mai, dans une enquête consacrée aux évolutions des cours de l’orange. Et le quotidien de noter que les tarifications ont ainsi grimpé de près de 20 % par rapport à 2019 ; des chiffres obtenus auprès du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). L’Hexagone, crise sanitaire ou non, demeure un grand consommateur d’agrumes et notamment d’oranges. L’orange est le troisième fruit le plus consommé par les Français, « avec près de 11,5 kg par ménage et par an », selon l’Insee. La France produit de très faibles volumes, environ 5 000 tonnes par an, réparties entre l’île de la Réunion (43 %), la Guadeloupe (25 %) et la Guyane (10 %).
Par ailleurs, on trouve des orangeraies en Corse notamment. En Europe, on produit en moyenne plus de 6 millions de tonnes par an, selon Eurostat : le podium est trusté par l’Espagne (2,6 millions), suivie de l’Italie (2,2), puis de la Grèce. Mais le Brésil est le leader incontesté de la production à l’échelle du globe avec plus de 18 millions de tonnes d’oranges produites. Viennent ensuite les États-Unis (8 millions de tonnes) et la Chine (6,6 millions de tonnes). Si l’on consomme cet agrume cru ou cuit, il se cuisine aussi avec de la viande ou du poisson, accompagné de légumes, en salade, dans des pâtisseries, confit, etc. Ces dernières années, sa consommation a explosé et le jus d’orange escorte désormais les petits déjeuners tous les jours de l’année. Pourtant, la saison de l’orange se situe naturellement entre décembre et avril. La pleine saison intervient en février, bien que l’orange soit disponible toute l’année grâce à aux importations. Sur les étals, on distingue les oranges à chair, à jus, mais aussi les sanguines.
La thématique du dérèglement climatique est récurrente. Avec l’orange, elle revient sur la table, par le prisme de la « tropicalisation ». Ce phénomène a été récemment abordé par la journaliste d’Europe 1 Fanny Agostini. Cette dernière explique que « l’orange est utilisée comme référence pour définir les zones climatiques où la température ne descend pas en dessous d’un certain seuil. Cette zone de l’oranger, comme les botanistes l’appellent, sert à délimiter géographiquement les territoires où les agrumes parviennent à pousser et à donner des fruits de façon pérenne ». Or, aujourd’hui, la zone de l’oranger s’étend. « Les agrumes sont en train de remonter vers les zones plus septentrionales. Par exemple, les premières oranges en pleine terre ont débarqué à Bordeaux. C’est un marqueur du changement climatique qui indique une tropicalisation progressive d’une bonne partie de la France », conclut-elle ainsi.

■ M. R.