Le réseau d’épiceries solidaires fête ses 20 ans cette année. À la tête de quatre chantiers d’insertion, dont un à Rungis, Andes approvisionne en produits frais une fédération comportant pas moins de 380 épiceries. Grâce aux grossistes rungissois, Andes peut alimenter plus de 60 commerces solidaires.
Avec 380 épiceries solidaires dans l’Hexagone et 2 200 tonnes de produits distribués en 2019, Andes est aujourd’hui le 5e acteur de l’aide alimentaire en France. À l’heure où le Covid-19 confine les Français chez eux, les plus exposés financièrement oandent plus que jamais besoin de soutien. Aussi, Yann Auger, le directeur général du réseau Andes, en appelle à l’aide de chacun à l’heure où la mission de l’aide alimentaire est renforcée, que les dons s’amenuisent et que les bénévoles se raréfient. Le réseau a vu le jour au début des années 2000, un moment charnière où le développement d’épiceries solidaires était encore embryonnaire et où seuls d’importants acteurs, à l’instar des Restos du cœur, s’investissaient à grande échelle. Depuis, il n’a cessé de s’étoffer, sans doute dopé par le creusement des inégalités, des drames sociaux ou encore des pertes d’emplois.
Si elle est rattachée à la fédération que constitue Andes, chaque épicerie solidaire demeure néanmoins indépendante. 30 % de ces épiceries sont approvisionnées en produits par Andes, les autres doivent donc miser sur leur propre réseau logistique. Pour réussir ce tour de force, l’association dispose de quatre chantiers d’insertion implantés à Rungis, à Lille, à Marseille et à Perpignan. Il s’agit de lutter contre le gaspillage alimentaire et de venir en aide aux bénéficiaires de l’aide alimentaire, grâce au concours des grossistes : 50 % des produits commercialisés via Andes proviennent en effet d’invendus sur lesquels les opérateurs du Marché de Rungis peuvent d’ailleurs obtenir des avantages fiscaux en les cédant. « Les 50 % restants proviennent d’achats, à des prix optimisés pour notre démarche, que nous réalisons directement auprès des grossistes », ajoute Yann Auger, qui explique que le réseau piloté par Andes était à l’origine de 22 000 000 de repas en 2019.
Déménagement imminent
Ce grossiste social, qui bénéficie de subventions, ne réalise donc pas de bénéfice, mais cherche à davantage se faire connaître pour amplifier sa mission. À cet effet, Andes va rejoindre les anciens locaux de Pomona, d’une surface de 1 500 m2, dans quelques semaines. Une visibilité accrue, dans le secteur des fruits et légumes, qui devrait lui permettre de tisser des liens avec l’ensemble des grossistes traditionnels du carreau. Pour s’assurer que la dimension antigaspillage est bien respectée, Andes impose 30 % de produits issus du tri à ses commerces de proximité adhérents. Les bénéficiaires de l’aide (170 000 personnes en 2019), quant à eux, sont bien souvent orientés par les services sociaux. En échange des économies réalisées sur leurs achats alimentaires, ils s’engagent à « accomplir des projets personnels, permettant par exemple le retour à l’emploi ». Yann Auger décrit ainsi « une démarche responsabilisante, non des solutions d’accompagnement de long terme, sauf dans certains cas ». Pour assurer son fonctionnement, Andes peut compter sur 32 salariés auxquels s’ajoutent une cinquantaine dans les quatre chantiers de réinsertion. Le réseau s’appuie par ailleurs sur 700 travailleurs sociaux dans les épiceries solidaires ainsi que 6 000 bénévoles.
Mickaël Rolland
Infos clés
Andes
379, avenue du Président-Wilson
93200 Saint-Denis
E-mail : contact@andes-france.com
Tél. : 01 55 87 55 39
• 170 000 bénéficiaires
• 22 millions de repas
• 2 200 de produits en 2019
Bio
Se définissant comme l’acteur de la valorisation et de l’insertion, Andes est une fédération d’épiceries solidaires, rattachée au groupe SOS, qui valorise les invendus des grossistes pour l’aide alimentaire. Les 380 épiceries solidaires du réseau se présentent comme des commerces classiques de proximité qui proposent choix, fraîcheur, qualité et respect du goût, des cultures et des habitudes. Chaque client bénéficiaire choisit les produits qu’il souhaite consommer en participant à hauteur de 20 % en moyenne du prix marchand.
Dixit
« Notre cœur de métier, outre l’aide alimentaire, est de lutter contre le gaspillage pour valoriser les invendus. 50 % des produits que nous commercialisons en épicerie sont d’ailleurs issus des invendus de Rungis, de Marseille, de Perpignan et de Lille. Pour faire face à la demande, nous devrons atteindre les 3 000 tonnes de produits vendus cette année, contre 2 200 en 2019. »