Élodie Germain et Delphine DuboisÉlodie Germain et Delphine Dubois

Élodie Germain et Delphine Dubois

Elles donnent du sens aux condiments

La jeune entreprise francilienne propose des alternatives aux cornichons et ketchups « mondialisés », avec des produits sains, de proximité et colorés. Leur atelier, en pleine croissance, est situé à Rungis.

C’est la jolie histoire de deux belles-sœurs, Élodie Germain et Delphine Dubois, venues, pour la première, du journalisme option télévision, et pour la seconde, de la grande consommation, chez Procter&Gamble. Toutes les deux amatrices de nourriture « bonne et saine », elles souhaitent lancer dans l’alimentaire une initiative «  qui ait du sens ». Interpellées par la brutale et silencieuse délocalisation du cornichon français en Inde, elles se disent qu’il y a une possibilité de proposer aux consommateurs des condiments alternatifs issus d’une agriculture bio et de proximité.
C’est ainsi que les deux jeunes femmes créent, en 2016, Les 3 Chouettes, en référence à leurs trois engagements (du bio, du local et du peps dans les assiettes) et à l’œil toujours vigilant de l’oiseau de nuit. En s’appuyant sur un réseau d’agriculteurs d’abord situé majoritairement en Île-de-France, puis autour, elles créent d’abord une gamme de pickles, des légumes marinés dans des vinaigres doux, parfumés d’épices et d’aromates, présentés comme des alternatives au cornichon « mondialisé » : chou-fleur, courgette, betterave, carotte… Viendront ensuite des mezzé et des ketchups dans la même veine.
Le succès aidant, les deux entrepreneuses ont dû déménager leur production de leur cuisine à un centre technique en province, puis à un atelier dédié et opérationnel. « En 2018, nous avons rencontré les responsables du chantier d’insertion spécialisé dans les fruits et légumes de l’Andes, le réseau d’épiceries solidaires, raconte Élodie Germain. Comme l’association disposait alors d’un laboratoire de fabrication de soupes et que leur philosophie correspondait bien à la nôtre, nous avons accepté avec enthousiasme leur proposition pour qu’ils fabriquent nos condiments sur place. »

Pickles, mezzé, ketchups

Quand, à la fin de 2017, l’association décide d’arrêter la production de soupes, Les 3 Chouettes proposent de continuer à être hébergées sur place en prenant elles-mêmes en charge la production. « Un partenariat très réussi s’est mis en place, qui nous a permis de recruter des personnes issues du chantier d’insertion », se félicite Élodie Germain. Avec le développement prévu de la production dans les mois qui viennent, l’entreprise va cependant vite se retrouver à l’étroit. « Nous aimerions rester sur le Marché de Rungis, mais il nous reste à trouver des locaux adaptés. »
La demande, en effet, ne cesse de croître. Les 3 Chouettes ont décroché un référencement chez Monoprix sous une nouvelle marque, « Mazette », qui sera proposée en mars au rayon frais. Le réseau de producteurs s’est étoffé et élargi. L’entreprise s’approvisionne notamment en graines de moutarde auprès d’Emmanuel Quilliou dans les Yvelines, en carottes et betteraves chez Xavier Dupuis, aux Mureaux, ou encore en pois chiches chez la famille Godeau, à Étampes. « Il y a encore beaucoup à faire dans ce secteur », promet Élodie, qui pense notamment à de la mayonnaise végétale, à des vinaigrettes, des pestos…■

Bruno Carlhian

INFOS CLÉS

Les 3 Chouettes
51, boulevard Exelmans
75016 Paris
www.les3chouettes.fr
13 personnes, dont 4 stagiaires
Distribution à Rungis : Le Delas et Charraire

BIO

Les 3 Chouettes ont connu une croissance éclair. Créée mi-2016, l’entreprise commercialisait ses premiers produits à la Grande épicerie de Paris dès le mois de juillet 2017. Depuis sa création, l’entreprise a ainsi produit et vendu plus de 200 000 bocaux. La progression ne va pas s’arrêter en si bon chemin. Avec l’arrivée, cette année, en grande distribution, de la marque Mazette, les volumes devraient bondir en 2020 et le chiffre d’affaires tripler, de 450 k€ à 1,5 M€. Dans le domaine des pickles bio et de proximité, Les 3 Chouettes occupent un terrain largement inoccupé, avec une cible très large, allant de l’apéritif aux marchés très porteurs des salades et du sandwich.

DIXIT

« À Rungis, nous avons toutes les casquettes, puisque nous sommes à la fois transformateurs sur place, fournisseurs et acheteurs de quelques produits, comme des herbes, du gingembre ou du piment. Nous faisons partie de l’écosystème ! »