Consommé par les peuples d’Amérique du Sud de génération en génération, l’ananas s’est offert aux Européens au moment de la découverte du Nouveau Monde, au XVe siècle. On trouve des premières traces écrites de ce fruit tropical grâce à la main du botaniste Jean de Léry. Ce dernier en apporte une première description scientifique dans son ouvrage Histoire d’un voyage fait en la terre de Brésil, en 1578. Au XVIIIe siècle, on retrouve l’ananas sous des serres en Hollande et en France, mais cette méthode de production est rapidement surclassée par les importations se mettant en place par l’intermédiaire du grand commerce maritime. La variété Victoria, notamment produite sur l’île de La Réunion, invite immédiatement au voyage grâce à sa robe dorée et sa chair d’un jaune brillant. Il s’agit là, avec le litchi, de la première culture de diversification à La Réunion, avec 8 000 tonnes produites chaque année dans près de 380 exploitations. Le Victoria est cultivé sur l’ensemble du territoire à différentes altitudes et les précieux fruits sont obtenus grâce à un procédé respectant les besoins stricts de la plante. L’entretien des parcelles se fait, quant à lui, à la main, sans aucun traitement apporté aux fruits. L’ananas mûrit ensuite à son rythme sous un soleil tropical, avant d’être cueilli manuellement à maturité optimale.
En 2006, l’ananas Victoria de La Réunion est le premier fruit exotique à obtenir un Label Rouge : cette reconnaissance confirme les qualités organoleptiques du fruit. Produit phare de l’exportation à La Réunion, l’ananas Victoria rencontre aujourd’hui des difficultés à répondre à la demande des pays européens. Environ 2 700 tonnes de Victoria sont exportées en France et sur le Vieux continent, soit deux fois plus qu’il y a dix ans. Or, selon l’Association réunionnaise interprofessionnelle des fruits et légumes, ce chiffre pourrait encore être multiplié par deux quant au marché du frais, dans les dix ans à venir. Le principal frein au développement de la filière reste le problème de la main-d’œuvre. En effet, la culture de cet ananas demande des salariés qualifiés soumis à un travail pénible.
M. R.
Que boire avec... l’incomparable ananas Victoria
Qui dit bons produits, dit bon vin !