Objets connectés, le règne de l’intelligence artificielleObjets connectés, le règne de l’intelligence artificielle

Objets connectés, le règne de l’intelligence artificielle

La révolution numérique est en marche rapide et, si elle ne remplace pas les véritables produits du terroir, elle modifie en profondeur la façon de les travailler et de les consommer. Et bien au delà, ce sont des pans entiers de l’économie qui s’en trouvent bouleversés.

LE NUMERIQUE EST DANS LE PRE

Capteurs, robots, big data, analyses des sols, l’agriculteur d’aujourd’hui est un « e-griculteur ». Et il fait bien plus que de consulter la météorologie sur son smartphone. De nombreuses innovations lui permettent aujourd’hui de disposer de très importantes informations et de machines automatiques l’aidant dans son exploitation. Comme par exemple, les capteurs connectés de la société Weenat  qui peuvent surveiller à distance l’état et la température du sol et mesurer la pluviométrie et l’humidité de l’air. Plantés dans les champs, les capteurs envoient des données par l’intermédiaire des réseaux mobiles. Ou ceux d’InVivo, des logiciels qui indiquent à l’agriculteur – voire directement au tracteur lui-même – les mesures à prendre en matière d’arrosage, de traitement des végétaux ou d’alimentation du cheptel… Dix millions d’hectares sont déjà gérés par ces outils  informatiques en Europe.
Les animaux ne sont pas en reste. Biopic a mis au point une puce implantée sous la peau des vaches qui reliée à un cloud communique en temps réel par SMS à l’éleveur toutes les informations sur chaque bête du cheptel. Celui-ci s’appuie sur une interface web client interactive et la réception d’alertes sms en cas de problème de santé et de reproduction. Biopic vient également de lancer un collier connecté destiné à l’éleveur bovin lui permettant de détecter les chaleurs en temps réel.

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TOUJOURS PLUS DE PRECISION

L’agriculture de précision a été favorisée par la diffusion du GPS, GNSS, des images aériennes des drones et la dernière génération des images intemporelles fournies par les satellites Sentinel, qui permettent la création de cartes recensant toutes les variabilités spatiales pouvant être mesurées : rendement des cultures, caractéristique des terrains, matière organique, niveau d’humidité et d’azote, etc). Cela permet d’améliorer les performances économiques, en pilotant notamment l’utilisation des intrants et la réduction des impacts environnementaux. Au G20 en janvier, Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, a invité ses homologues à rejoindre l’initiative « 4 pour 1000 » lancée lors de la COP21 à Paris et qui vise à améliorer le stockage de carbone dans les sols pour lutter contre l’insécurité alimentaire et le changement climatique. Et qui passe bien évidemment par l’analyse numérique. Un appel déjà anticipé par la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt de Guadeloupe qui s’est équipée d’un drone pour étudier l’hétérogénéité des pâturages exploités par des caprins et en évaluer les conséquences sur le parasitisme gastro-intestinal, cartographier des parcelles de canne  à sucre peu accessibles,….

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DRONES, LE TRACTEUR DE DEMAIN ?

Un rapport récent de PwC estime le marché pour les drones agricoles à 30,5 milliards d’euros) et l’agriculture pourrait représenter près de 80 % du marché des drones commerciaux à l’avenir. En France, plus de la moitié des vingt mille heures de vol déclarées à la DGAC sont des vols agricoles. Airinov en partenariat avec l’Inra  propose déjà des « agridronistes » qui organisent des survols de parcelles. Les drones  sont équipés de capteurs qui photographient la couleur des plantes dans quatre parties distinctes de la lumière : vert, rouge, proche infrarouge et infrarouge, ce qui permet d’évaluer la biomasse. Le but étant de réduire les épandages d’engrais, les algorithmes transforment ces images en informations agronomiques comme la vigueur des plantes, l’azote absorbée, la matière sèche produite, afin d’en déduire leurs exacts besoins en nutriments. Parrot, leader du drone qui a pris des parts dans cette start-up estime lui aussi que l’agriculture est le secteur professionnel où l’usage du drone a le plus de potentiel. Il est également parfaitement adapté aux cultures maraichères, fruitières et horticoles. Le producteur peut également fournir à ses clients grossistes une parfaite traçabilité et le respect de l’éco système.

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ASSIETTE NUMERIQUE ?

D’après une étude de Vigie-Alimentation 2016/2017, face au manque de compétences culinaires des consommateurs et à leur envie de se réapproprier leur alimentation en cuisinant des aliments bruts, les appareils électroménagers dit « intelligents » fleurissent dans les cuisines. Certains pensent que ce phénomène pourrait remettre en question l’industrie des plats cuisinés. D’autres, plus dubitatifs considèrent que le « tout connecté » risque de n’être qu’un effet de mode s’il n’apporte pas de vraies fonctionnalités utiles aux consommateurs telles que la gestion des réfrigérateurs, la suggestion de recettes à partir des aliments disponibles,…
En tout cas, force est de constater que ce sont les robots chefs qui s’installent  dans les cuisines high tech. Ouvrant ainsi une révolution en cuisine, IBM a d’ailleurs créé Chef Watson, un robot capable de concevoir tout seul plus de dix mille recettes, en tenant compte des goûts, des régimes, des produits disponibles dans la maison et des allergies. Des assiettes intelligentes qui pèsent, calculent et analysent les aliments, à l’instar de smartplate utilisé dans les régimes, côtoient dorénavant des bracelets connectés pour accompagner les personnes pendant leurs repas et s’assurer qu’elles s’alimentent correctement. Big data s’invite à nos tables et des projets de biberons et petits pots connectés sont à l’étude. Le programme Open Food Facts propose les partages des données alimentaires, permettant à toute personne désireuse de participer au bien manger, de renseigner toutes les informations utiles sur des milliers d’aliments.

LE REGNE DE L’INTELLIGENCE

Le matériel à destination des professionnels est en pointe également : four qui photographie et analyse les aliments pour en adapter automatiquement la cuisson, pilotable par wi-fi via une application sur smartphone, plonge automatique, étagères de chambre froide,… Une jeune start-up française Skware a développé des étagères connectées à destination des professionnels de l’agroalimentaire. Elles sont dotées de capteurs RFID qui mesurent la température, luminosité et la vitesse de circulation de l’air. Il s’agit de RFID dite « active »
avec des « tags » ayant leur propre batterie. Les  données collectées sont transmises et analysées via le web à laquelle le professionnel peut se connecter depuis son smartphone ou sa tablette  (ordinateur, tablette ou smartphone) et est prévenu par SMS, en cas d’écart anormal de température par exemple. Les étagères peuvent être utilisées en chambre froide négative. S’il est encore difficile d’estimer le potentiel des puces RFID (l’implantation chez les humains existe déjà), le secteur semble promis à un bel avenir. Ainsi, les experts de Xerfi pronostiquent-ils un doublement de la taille du marché mondial de la RFID à plus de treize milliards de dollars et une croissance annuelle de 10% dans l’hexagone.

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