Au départ, les repas étaient livrés au personnel hospitalier. Le projet était de leur apporter de bons petits plats concoctés par un chef toulousain, pour les remercier de leur travail. Lancée par Simon Carlier, du restaurant Solides, à Toulouse, l’idée a vite fait des émules. Dès le 25 mars, une trentaine de collègues, réunis dans le collectif des Belles Gamelles, fournissaient quotidiennement 300 repas. « Cinq ou six restaurateurs cuisinaient chaque jour à tour de rôle, chacun dans son établissement, puis j’allais livrer les sites hospitaliers, raconte Alexandre Foks, photographe et producteur de film, membre de l’organisation. Début avril, le collectif a été contacté par des associations caritatives, pour demander si cette distribution pouvait aussi bénéficier aux SDF, aux réfugiés, aux étudiants isolés et autres publics fragilisés. Nous avons alors partagé. »
Dans la foulée, les Belles Gamelles se sont installées sur le Min de Toulouse, dans les locaux de l’école Cuisine Mode d’emploi(s) de Thierry Marx, dont l’activité était arrêtée depuis le début de la crise du Covid-19. Une vingtaine de personnes, chefs et bénévoles de tous horizons, s’y rejoignent pour cuisiner 7 j/7. Depuis le 25 avril, 500 plats et sandwiches sont ainsi offerts quotidiennement aux hôpitaux et aux associations. En amont, producteurs et grossistes offrent certaines denrées ou les proposent à prix coûtant. Plus de 1 500 kg de fruits, légumes, viande et poissons ont été donnés. Un jour, ce sont 700 kg de poisson remis par les pêcheurs de l’Aude qui ont été préparés. Un autre, le syndicat des bouchers de la Haute-Garonne a fait un don de 150 kg de viande.
Le collectif a également initié une opération de crowdfunding pour recueillir 10 000 € de dons, afin d’acheter des denrées et le conseil régional d’Occitanie a voté une subvention de 75 000 € pour qu’il puisse s’approvisionner auprès des producteurs locaux.
Depuis le déconfinement, la préparation des plats s’est poursuivie dans un laboratoire du Min. Elle est assurée par le traiteur Florian Joff et quelques volontaires. « Nous voulons continuer à donner un moment de bonheur, une fenêtre de réconfort grâce à un bon plat, et nous souhaitons que cette opération devienne pérenne, ajoute Alexandre Foks. Nous devrions pour cela nous installer dans l’un des quatre restaurants du Min, qui n’est plus exploité. Il nous faut cependant trouver du matériel. Nous pourrions organiser des soirées, vendre des plats en bocaux aux épiceries toulousaines ou des repas aux entreprises, pour lever des fonds. Un plat offert revenant à 7 €, si nous voulons en servir 500 par jour, notre budget annuel sera de 1 million d’euros. Il nous faudrait 500 000 € de ressources propres et autant de subventions. Nous allons essayer. »
Florence Jacquemoud
La MAPA, installée sur le Min
Spécialiste de l’assurance des métiers de bouche (contrats pro et particuliers : retraite, prévoyance, habitation, auto…), la MAPA (Mutuelle d’assurance des professions alimentaires) s’est installée sur le site du Min le 9 mars. « Beaucoup de nos clients viennent s’y approvisionner, témoigne Dalila Chergui, responsable de l’agence. Emménager ici nous permet de les recevoir et de les accompagner plus facilement que lorsque nous étions en ville. Mais aussi de travailler dans l’intérêt collectif et en cohésion avec tous les acteurs du Min. » La MAPA dispose d’un local principal où elle effectue ses travaux de back-office et reçoit ses clients, et d’un bureau réservé au suivi des grossistes par un conseiller grands comptes. Outre la responsable, l’effectif de l’agence toulousaine se compose de trois salariés sédentaires et de deux commerciaux de terrain.