PETITS ET GEANTS
En Alsace, les deux cent cinquante entreprises agroalimentaires représentent le deuxième secteur industriel de la région. Avec 16 500 salariés, ce secteur est à la fois un tissu de grands groupes internationaux, de PME familiales et de TPE. Si plus de la moitié des entreprises emploient moins de dix salariés, des groupes géants sont installés en Alsace. Mars, le plus emblématique, installé à Haguenau, exporte les trois quarts de sa production et produit les barres chocolatées et les célèbres M&M’s pour toute l’Europe. A Steinbourg, la marque produit aussi des crèmes glacées pour le marché français et à Biesheim, prés de Colmar, Wrigley, filiale de Mars, produit les chewing-gums Freedent. Toujours dans le secteur du chocolat, Mondelez, ex-Kraftfoods, à Strasbourg, alimente les marques Milka et Suchard en produits de Pâques et de Noël, dont plus de la moitié sont exportées en Europe.
PATRON, UN DEMI !
L’Alsace s’affiche également comme la première région brassicole de France. Plus de 60% des bières françaises sont brassées en Alsace dans des grands groupes mondiaux comme Kronenbourg, filiale du Groupe Carlsberg à Obernai, qui produit 700 millions de litres de bière dans la plus grande brasserie de France, Heineken qui élabore toujours la Fisher aux portes de Strasbourg et Karlsbrau à Saverne qui se targue de brasser une bière 100 % alsacienne à base d’orge et de houblon local, la Licorne Elsass. Mais l’activité prospère également avec des brasseries indépendantes comme Météor à Hochfelden et depuis 1999, la brasserie d’Uberach qui s’est spécialisée dans la bière bio.
UNE CHOUCROUTE, UN CAFE ET L’ADDITION
Outre les chocolats et le houblon, l’Alsace a bien sûr assis sa réputation sur son plat national, la choucroute, assorti de charcuteries dont la fameuse knack d’Alsace à base de porc ou de bœuf, fumée à chaud au bois de hêtre et de foies gras. Celles de la Maison Feyel, en 1861, régalaient déjà les hôtes de Napoléon III avec son fameux foie gras aux treize épices, qui a aussi séduit les chefs de la Tour d’Argent à Paris. Plus surprenant, la région est aussi connue pour son café. Trois entreprises continuent de torréfier elles-mêmes des grains de café qu’elles sont allées sélectionner aux quatre coins du monde. Les cafés Henri se sont fait connaître grâce à la gamme Elsass Line vendue en coffret et présentant un mélange de quatre arabicas provenant de trois continents. Les cafés Sati, fondés en 1906, produisent 30 000 tonnes de café/an dont 89% d’arabica, notamment d’Afrique de l’Est, les Alsaciens et les Allemands privilégiant cette variété. Sur le port du Rhin également, les cafés Reck dont le nouvel atelier inauguré en 2014 est partagé avec une dizaine d’autres torréfacteurs de France ou de Belgique.
FRUITS ET LEGUMES A VOLONTE
L’Alsace a su par ailleurs valoriser sa production de fruits et légumes : Les jus de fruits d’Alsace à Sarre-Union rassemblent la récolte de nombreux vergers alsaciens pour produire des purs jus de fruits, des smoothies, des nectars et désormais des briques de 33 cl. Les fruits et légumes, dans le cadre de la démarche « Savourez l’Alsace, Produit du Terroir », affichent une démarche de traçabilité et d’information du consommateur avec une ambassadrice de charme en la personne de miss France 2014, l’alsacienne Delphine Wespiser. La filière met par exemple en avant le navet blanc confit, que l’on servait traditionnellement chez les bourgeois de Colmar le dimanche, tous les mardis entre Pâques et Pentecôte à Voegeling… et qui sont récoltés en octobre avant d’être mis en saumure. En lumière parmi les fruits d’été, la mirabelle, prune douce et parfumée jaune-orangé, particulièrement juteuse, sucrée et riche en vitamines, et la quetsche, bleu-violet foncé, plus ferme et acidulée.
DES LABELS “ELSASSIENS”
L’Alsace bénéficie de plusieurs IGP (Indication Géographique Protégée) : les volailles fermières d’Alsace (poulet, dinde noire et chapon) qui se distinguent par des races rustiques à croissance lente, une qualité de viande exceptionnelle, un élevage en plein air, dans de grands espaces avec un parcours herbeux et arboré, une alimentation 100% végétaux minéraux et vitamines, riche en céréales (75% minimum) et une durée d’élevage plus longue. La filière également en IGP compte 35 éleveurs, un accouveur, deux fabricants d’aliments, deux abattoirs et un atelier de découpe. Egalement en IGP, les miels d’Alsace (fleurs, acacia, tilleul, châtaignier, forêt, sapin) dont la tradition remonte au VIIème siècle, pratiquée par les moines dans les nombreux monastères de la région, et qui peuvent être également en Label Rouge, notamment le miel de Sapin, onctueux aux arômes mentholés et balsamiques. Les pâtes d’Alsace qui tirent leur spécificité de leur recette à base de sept oeufs frais au kg de semoule de blé dur et doivent être fabriquées dans la région, sont une tradition domestique rurale spécifiquement alsacienne qui n’a pas été remise en cause par l’industrialisation du processus. Actuellement deux entreprises, Pâtes Grand Mère et Pâtes Valfleuri, en fabriquent.
Les AOC de vins d’Alsace sont pléthore dans les deux départements qui dénombre environ 15 000 ha et 2 500 viticulteurs : pas moins de 51 appellations grands crus viennent s’ajouter à l’AOC Alsace pesant à elle seule près des trois quarts de la production à 90% en blancs, et au crémant d’Alsace qui vient de fêter ses 40 ans cette année.
Cécile Oliveira