La Nouvelle-ZélandeLa Nouvelle-Zélande
Nos régions ont du goût

La Nouvelle-Zélande

Sous le signe de l’agneau et du kiwi

Grande terre d’élevage, la Nouvelle-Zélande approvisionne le monde entier en viandes de qualité ainsi qu’en kiwis. Elle est désormais tout aussi renommée pour ses vins et ses produits de la mer méritent d’être connus.

S’il est une terre bénie pour l’agriculture extensive, c’est bien la Nouvelle-Zélande. Ses premiers colonisateurs, les Maoris, la baptisèrent Aotearoa, le pays du long nuage blanc. Moitié moins grande que la France, composée de deux îles principales, elle ne compte que 4,9 millions d’habitants qui pour un tiers vivent à Auckland et dans ses environs. L’espace ne manque donc pas. De plus, la pluviosité abondante et bien répartie assure une pousse régulière de l’herbe tout au long de l’année, tandis que les températures clémentes, jamais extrêmes, rendent superflue la construction de bergeries ou d’étables. De même, l’extrémité méridionale de l’île du Sud n’est séparée de l’Antarctique que par une vaste étendue océanique et possède donc un climat légèrement plus rigoureux.

Enfin, de nombreuses régions sont plus propices à l’élevage qu’aux cultures en raison de leur topographie, car la Nouvelle-Zélande est un pays géologiquement jeune, au relief encore peu adouci par l’érosion. Ses spectaculaires paysages accidentés ont d’ailleurs servi de décor pour la saga cinématographique Le Seigneur des anneaux. En conséquence, si l’agriculture ne contribue que pour 5 % au PIB, les productions animales comptent pour 48 % des exportations. Une importance de l’élevage que n’auraient jamais pu imaginer les premiers Maoris. En effet, à leur arrivée, le pays n’abritait alors aucun mammifère, uniquement des volatiles et des oiseaux coureurs gigantesques, aujourd’hui disparus.
Activité agricole emblématique du pays, l’élevage d’ovins compte un cheptel de 27,4 millions de bêtes en grande majorité de race NZ Romney. Seulement, pourrait-on dire, car en 2006 il atteignait encore 40 millions. Qui voyage dans la campagne néo-zélandaise croise donc bien plus de moutons que d’êtres humains ou de Hobbits ! La Nouvelle-Zélande est ainsi le second exportateur mondial de viande de mouton et le premier pour l’agneau. En 2019, plus de 18 millions des 22,7 millions qui y sont nés ont été expédiés dans le monde entier après abattage et découpe.

 

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L’élevage de vaches laitières a gagné sur celui des ovins.

Notamment en Europe où ils arrivent par conteneurs réfrigérés après une trentaine de jours de mer. Et ce tout au long de l’année, même si le pic de production prend place de janvier à mars, l’été et l’automne dans l’hémisphère Sud. Répartis à parts égales entre les deux îles du pays, les animaux sont élevés en plein air, sans bergerie et exclusivement nourris à l’herbe dans des exploitations de plusieurs centaines d’hectares et de plusieurs milliers de bêtes. D’où des agneaux bon marché, mais aussi d’excellente qualité avec une viande très goûteuse et d’une qualité homogène, fruit de décennies de sélection génétique ainsi que d’une parfaite maîtrise des techniques d’abattage et de conditionnement. Signe de l’importance de la filière pour l’économie du pays, elle est chaque année célébrée par une Journée nationale de l’agneau, fixée à l’origine le 15 février et désormais le 24 mai. Deux dates qui correspondent au départ de Port Chalmers, près de Dunedin, et à l’arrivée à Londres du premier navire chargé d’agneaux néo-zélandais congelés en 1882. S’il y a moins d’ovins qu’auparavant, c’est en partie parce que de nombreux agriculteurs se sont tournés vers la production laitière plus rémunératrice. Tout d’abord sur l’île du Nord qui regroupe les deux tiers des 6,4 millions de vaches laitières du pays, puis plus récemment sur l’île du Sud. Cette tendance s’est accompagnée d’une intensification du mode d’élevage. Certes, l’herbe constitue toujours la base de l’alimentation, mais le recours aux fourrages et aux tourteaux est devenu plus fréquent tandis que l’irrigation des pâtures s’est développée Quelques éleveurs ont même édifié des abris pour leur troupeau, alors qu’auparavant les bêtes passaient tout leur temps à l’extérieur. Les chercheurs des Crown Research Institutes travaillent en outre sur une herbe transgénique, un ray-grass à haute teneur en énergie métabolisable. On est loin de l’image de pays respectueux de l’environnement, dont la Nouvelle-Zélande aime à se parer.
Atteignant 21,78 milliards de litres, le 8e rang mondial, sa production lui permet d’être le premier exportateur mondial de lait et le troisième de produits laitiers. Avec à la baguette, Fonterra, coopérative qui assure 90 % de la collecte. Faisant la pluie et le beau temps sur les cours mondiaux du lait, ce mastodonte exporte la très grande majorité de la production en Asie et en particulier en Chine sous forme de poudre de lait, de beurre et de fromage, avant tout du cheddar en tranches et de la mozzarella râpée. En ce domaine, l’excellence est plutôt à rechercher chez la quarantaine de petites fromageries qui utilisent lait de vache, de brebis et de chèvre pour produire cheddar, provolone, gouda, maasdam, edam, gruyère, havarti, brie, camembert, bleu, ricotta, halloumi et feta. Il existe même de la burrata de buffle.

Du bœuf néo-zélandais en France

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Les importantes ressources halieutiques sont surtout destinées au marché asiatique.

Moins médiatisé que la production laitière, l’élevage de bovins n’en est pas moins une composante importante de l’agriculture néo-zélandaise, avec un cheptel de 3,8 millions de bêtes. Pures ou croisées, les races les plus communes sont l’anglaise Hereford et surtout l’écossaise black Angus que les Néo-Zélandais ont génétiquement sélectionnée afin d’obtenir des animaux de plus grande taille. L’élevage extensif et l’alimentation exclusivement faite d’herbe contribuent à magnifier la qualité de leur viande et 80 % de la production part vers les marchés étrangers, faisant du pays le 5e exportateur mondial. Depuis le début des années 1990, les Néo-Zélandais élèvent par ailleurs de la même manière des bœufs japonais wagyus, soit de race pure, soit croisés avec Angus ou Frisonne Holstein. Persillée, tendre, juteuse et goûteuse, leur viande connaît un grand succès et est distribuée en France sous la marque First Light. Pour en terminer avec l’élevage, la Nouvelle-Zélande figure également au 1er rang mondial pour la viande de cerf. Introduit à la fin du XIXe siècle, l’animal est élevé depuis les années 1970, et l’on compte aujourd’hui autour de 2 000 fermes totalisant 900 000 bêtes nourries à l’herbe et aux céréales sur pied. Les trois quarts se trouvent dans l’île du Sud, entre autres dans des zones impropres aux bovins. Une activité rentable pour les fermiers car tout est bon dans le cerf. Sa viande, vendue en morceaux, sous vide ou surgelée, sa peau, le velours des bois et son pénis apprécié pour ses vertus médicinales en Asie.

Un miel en vogue

La Nouvelle-Zélande est un gros producteur de miel avec 23 000 tonnes récoltées par an et depuis quelques années les amateurs du monde entier en pincent pour une variété qui ne se trouve pratiquement pas ailleurs. Le miel de manuka, un arbuste à fleurs blanches très aromatiques de la famille des myrtacées poussant au centre de l’île du Nord, notamment dans le massif montagneux de Kaimanawa. En dehors de là, il ne se retrouve qu’en de rares endroits de Tasmanie et d’Australie. S’il suscite engouement et convoitise, ce n’est pas pour son goût mais pour ses vertus médicinales. Riche en méthylglyoxal, un puissant antibactérien et anti-inflammatoire, efficace contre le vieillissement de la peau, il fait depuis toujours partie de la pharmacopée traditionnelle maorie.

La Nouvelle-Zélande 3Avec le 10e plus grand littoral au monde doté de 15 134 km de côtes, la Nouvelle-Zélande possède d’importantes ressources halieutiques. Elles sont toutefois peu commercialisées en Europe du fait de l’éloignement et de la demande asiatique. La Chine accapare ainsi la quasi-totalité des langoustes qui abondent dans les zones côtières aux fonds rocheux et bon nombre des ormeaux locaux dont les prises sont strictement régulées. À l’extrême sud du pays, les eaux voisines du port de Bluff recèlent en outre de savoureuses huîtres, surtout consommées sur place. En haute mer, les pêcheurs remplissent principalement leurs filets de hokis, qui appartiennent à la famille du merlu, et en moindre mesure de calamars et d’hoplostètes orange aussi appelés « empereurs ». S’y ajoute une aquaculture qui ne cesse de se développer avec comme principal centre les Marlborough Sounds. Situés dans le détroit de Cook qui sépare le pays en deux, ces dédales d’îlots et de péninsules vallonnées sont jalonnés de criques et petites baies. S’y trouve la majorité des fermes de saumon royal, le préféré des gourmets, élevé en eau douce à sa naissance, puis 18 mois en eau de mer. Un régal distribué en France par Qwelhi. La petite ville d’Havelock y est par ailleurs la capitale mondiale des moules vertes ainsi nommées par la couleur du bord de leurs coquilles, plus grosses que les variétés rencontrées chez nous avec une taille pouvant atteindre 24 cm. Elles sont aussi élevées dans le golfe d’Hauraki et la péninsule de Coromandel, à l’ouest d’Auckland, qui, avec la baie des Îles, plus au nord, concentrent les parcs d’huîtres du Pacifique, le troisième pilier de l’aquaculture néo-zélandaise. Dans cette région, la baie de Bream abrite l’unique ferme de pauas, ou haliotis iris, les très recherchés ormeaux du pays dont la nacre est bleu irisé.

Le kiwi, tout un symbole

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La production de kiwis avoisine 450 000 tonnes, soit environ 3,7 milliards de fruits, pour 2 800 exploitants

Bien entendu, qui dit Nouvelle-Zélande dit kiwifruit, localement ainsi nommé car kiwi désigne un petit oiseau coureur ne vivant nulle part ailleurs devenu aussi le surnom des habitants. Ce fruit a pendant longtemps été appelé « groseille de Chine » car il est originaire de ce pays. Jusqu’à ce que les Néo-Zélandais le rebaptisent en 1959 pour faciliter son exportation après avoir accru sa taille par sélection génétique pour rendre sa culture rentable. Il occupe plus de 12 700 ha qui se trouvent pour 80 % dans la Bay of Plenty, au nord-est de l’île du Nord. La production avoisine 450 000 tonnes, soit environ 3,7 milliards de fruits, et les 2 800 exploitants sont actionnaires – propriétaires de Zespri, l’ex New Zealand Kiwifruit Marketing Board, qui se charge du marketing et de l’innovation. Ayant aussi des contrats avec 1 500 producteurs d’autres pays dont la France et l’Italie, l’entreprise commercialise près d’un tiers des kiwis vendus dans le monde et grâce aux recherches qu’elle finance le fruit a pris des couleurs au fil des ans. Depuis 2001, il existe aussi en jaune sous le nom SunGold, avec des saveurs plus douces, moins acides, et une variété rouge vient d’être lancée. Une nouvelle déclinaison obtenue par une teneur accrue en anthocyane, lui conférant en outre un effet bénéfique contre les maladies cardiovasculaires et pour les fonctions cognitives. Mais les Français devront faire preuve de patience. D’une durée de conservation plus courte, il ne sera pas commercialisé dans l’Hexagone avant quelques années.
Le secteur fruitier néo-zélandais ne se résume toutefois pas au kiwi. Depuis les années 1980, il s’est fortement développé et diversifié, là encore tiré par les exportations. Si l’on excepte les variétés à noyau qui viennent essentiellement de la province méridionale d’Otago et les petits fruits rouges et noirs (cassis, mûre, myrtille, framboise) cultivés un peu partout, la production se concentre sur la frange septentrionale de l’île du Sud et surtout sur celle du Nord qui est un véritable jardin d’Eden. La pomme domine avec une récolte de 600 000 tonnes aux deux tiers exportés jusqu’en Europe, mais l’on rencontre aussi des poires, des nashis, des fraises, quantité d’agrumes, de pastèques, d’avocats et d’olives ainsi que des variétés plus exotiques telles que feijoas, ou goyave du Brésil, tamarillos et fruits de la passion. Ces derniers proviennent du Northland, province au climat subtropical où est également produite la kumara, une succulente patate douce que les premiers Maoris amenèrent avec eux. Pour le reste, les cultures légumières sont réparties dans tout le pays avec des variétés caractéristiques des contrées tempérées, comme la pomme de terre, la carotte, le chou, la laitue, la tomate, le brocoli. Elles sont majoritairement destinées au marché local à deux exceptions près. L’oignon et le petit pois qui est toutefois une figure incontournable des repas néo-zélandais, étant l’accompagnement traditionnel du plat national, le rôti d’agneau nappé d’une sauce à la menthe.

■ Thierry Joly

Le%20royaume%20du%20sauvignon

Le royaume du sauvignon

Bien qu’elle ne se soit réellement développée qu’à partir des années 1980, la filière viti-vinicole néo-zélandaise produit aujourd’hui quelques-uns des meilleurs vins du Nouveau Monde. Aucune vigne n’y existait avant l’arrivée des colons européens, qui ont planté tous les principaux cépages internationaux. Ainsi, le pays est devenu une référence mondiale pour le sauvignon blanc tandis que ses pinots noirs jouissent d’une réputation croissante. Ni trop chaud ni trop froid, combinant fraîcheur et bon ensoleillement, son climat permet d’obtenir des vins de qualité, fins et bien équilibrés. De plus, ses vignerons ont fait des progrès techniques rapides et impressionnants, au point que le pays est devenu un lieu de passage presque obligé dans le parcours de formation des jeunes œnologues du monde entier. Exploités par plus de 700 domaines, ses 39 000 ha de vignes sont pour environ 30 000 ha encépagés en blanc, sauvignon en tête. Elles se répartissent sur 1 600 km entre les 36e et 46 parallèles Sud, de la province subtropicale du Northland jusqu’à celle de Central Otago. Plus de 65 % se trouvent dans la principale région productrice, Marlborough, au nord de l’île du Sud, qui est la Mecque du sauvignon blanc. Plus au sud, jouissant d’un climat plus frais, Central Otago et la Waipara Valley donnent les meilleurs pinots noirs. Sur l’île du Nord, le principal bassin de production est Hawke’s Bay qui produit notamment cabernet sauvignon, merlot, syrah et chardonnay. Depuis 2017, tous les vins néo-zélandais sont labellisés « sustainable », garantissant que vignobles et caves sont opérés de manière durable. Un atout commercial indéniable sur certains marchés comme la Scandinavie.