Le 1er centre conchycole d’Europe
La Charente-Maritime, c’est 463 kilomètres de littoral dont 230 pour l’archipel (Ré, Aix, Ma- dame et Oléron). Rien de plus normal donc que la conchyliculture et la pêche tiennent une place de choix dans le département. Avec mille trois cent entreprises, la région et sa façade maritime, uniquement dans le 17, est au premier rang de la conchyliculture en nombre de sociétés. C’est aussi le premier centre conchycole européen, le premier centre de captage naturel de naissain en France, huîtres et moules confondus, le premier centre de production et d’expéditions d’huîtres (près de 40 000 tonnes commercialisées par an) et le premier lieu d’affinage. Très apprécié des consommateurs, l’affinage, pratiqué par les trois quarts des producteurs, concerne plus de 80% des volumes.
De Ré à Oléron
Forte de ces records, la Charente-Maritime est le paradis des huîtres et revendique d’être la seule région à accomplir tout le cycle de la production du naissain à la commercialisation. L’huître creuse est la principale production charentaise tant en termes de surfaces exploitées que de volumes produits. Elle bénéficie de surcroît de deux marques fortes : « Marennes-Oléron est l’indication géographique protégée au taux de notoriété le plus élevé de la catégorie, explique fièrement Gérald Viau, ostréiculteur et président de la filière. Et la marque Charente-Maritime, une signature collective pour les entreprises qui ne sont pas géographiquement sur l’aire d’appellation Marennes-Oléron, permet de diversifier la production, notamment sur les marchés locaux ». Malgré ses atouts, la production d’huîtres et le nombre de producteurs étaient en baisse depuis 2008. « La production commence à se stabiliser et elle est même remontée en 2015, ce qui pourrait favoriser à moyen terme la réinstallation de jeunes producteurs » rassure Jean-Pierre Suire, président du groupement des huîtres Marennes-Oléron. La filière conchycole fait également la part belle aux moules, notamment les bouchots dans la baie de l’Aiguillon. La production mytilicole (environ 13 000 tonnes par an pour 140 éleveurs) pourrait même grossir avec les moules de filières, ces lignes de 100m qui servent à suspendre les coquillages à 3-4m de profondeur. Les “moules de filière élevées en pleine mer », au large de Châtelaillon, ont même obtenu en mai dernier le premier Label rouge de la catégorie. Ce signe fort de qualité assorti d’un strict cahier des charges pourrait concerner 500 à 1000 tonnes par an, commercialisables seulement entre mai et octobre. Les dénominations géographiques Moules de Fort Boyard et de Charron profitent aussi d’une bonne notoriété nationale – seulement 6% des moules sont écoulées en vente directe contre plus d’un quart des huîtres. La Charente-Maritime produit, dans une moindre mesure, coques et palourdes et elle débarque 9 000 tonnes de poissons par an, commercialisées principalement dans les trois criées de La Cotinière, Royan La Rochelle.
Les huîtres, perles de la conchyliculture charentaise
L’affinage est la particularité du bassin de Marennes-Oléron qui couvre une superficie d’environ 3 000 ha dans des paysages de marais ouverts sur l’océan et ponctués des cabanes en bois des ostréiculteurs. « Ce sont les seules affinées en claires et offrant une large gamme gustative, du peu au très charnu » commente Gérald Viau. Cet affinage qui permet le verdissement de la chair de l’huître et l’amélioration de son goût donne aux huîtres une saveur de terres marines et un goût riche qui se prolonge en bouche. Les Marennes-Oléron doivent aussi répondre à un taux de remplissage minimum (chair). Ces huîtres creuses élevées en pleine eau dans les parcs sont donc affinées en claires, bassins argileux peu profonds recouverts à marée montante. Les Fines de Claires, peu charnues, commercialisées d’octobre à mai, se distinguent par la couleur vert émeraude de leur chair, les Pousses en Claires par leur fermeté croquante et leur goût prononcé. Les huîtres des îles (Ré et Oléron) offrent plutôt une fraîcheur océane et saline. Marennes-Oléron et Marennes Oléron Fines de claires et Spéciales de claire sont en IGP, les huîtres Fines de claire verte et Pousse en Claire sont en Label rouge.
Le Cognac a la gnaque !
La Charente-Maritime (autrefois Charente Inférieure), malgré son nom, est aussi tournée vers ses plaines céréalières. Le port de La Pallice à La Rochelle se classe au deuxième rang des ports céréaliers en France. L’agriculture tient une place prépondérante dans le département avec 62% du territoire (près de 430 000 ha). Hormis les grandes cultures qui y gardent le rôle principal, elle est très diversifiée, souvent en polyculture et poly-élevage en particulier ovins- caprins. D’où des AOC reconnues comme le beurre des Charentes, le beurre de Charentes-Poitou, la pomme de terre de l’île de Ré et l’agneau du Poitou-Charentes en IGP. La viticulture (un tiers des exploitations) est également l’un des principaux fers de lance. Si au Moyen-âge, les vins d’Aunis étaient réputés pour leurs vins blancs, c’est bel et bien le cognac qui a fait la conquête des terres depuis trois siècles, en particulier après les ravages du phylloxera qui a divisé le vignoble par quatre à la fin du 19ème. Lors de la dernière décennie, la production de vin charentais (IGP) s’est fortement développée tout comme celle de pineau des Charentes, assemblage de cognac et de moûts de raisins. Mais c’est bel et bien le cognac qui est devenu la locomotive de la région avec 169 millions de bouteilles, à 96% destinées à l’exportation. Les grandes maisons qui font vivre les petits producteurs (près de la moitié des 6200 exploitations sont côté 17) ont ainsi fait connaître les Charentes dans le monde entier.