Si le bassin lyonnais accapare la majorité des emplois de Rhône Alpes, mégapole oblige, et que le département du Rhône n’’est pas le plus agricole de la désormais vaste région Rhône-Alpes- Auvergne il n’en demeure pas moins que les paysages, dès que l’on s’éloigne de l’agglomération, restent bucoliques. Le département compte encore près de 6000 exploitations (16 000 en 1970). L’exode rural a bien sûr vidé quelque peu les campagnes et la pression immobilière a grignoté les terres autour de la grande ville mais le Rhône fait encore la part belle à l’agroalimentaire. Preuve en est de nombreux salons organisés à Lyon sur ce secteur d’activité (le Sirha, salon mondial des tendances de l’hôtellerie-restauration, le Mondial du Pain, le salon Food Tech, le Salon des vins des Vignerons Indépendants de France, etc.).
Pot de beaujo’ ou pot de côtes
Le secteur de la viticulture avec 2400 exploitations est le plus représenté. Ne disait-on pas avec Léon Daudet que Lyon était arrosé par trois grands fleuves, le Rhône, la Saône…et le Beaujolais. Pendant plusieurs décennies, les vins primeurs inondaient cafés, bars et restaurants les 3 ème jeudi de novembre dans la bonne humeur. Après quelques dérives qualitatives dans les années 90, les Lyonnais se sont mis à bouder ce gamay gouleyant et se sont tournés vers le grenache généreux; le « pot de côtes » a ainsi détroné le pot de beaujo sur les tables. Les vignerons du Beaujolais et les négociants emblématiques tels que les Duboeuf, Mommessin, Loron, Coquard… reviennent désormais faire découvrir aux consommateurs leurs crus avec leurs beaujolais nouveaux. Les Côtes-du- Rhone hors primeurs sont également très présents tout comme les Côteaux-du- Lyonnais, également en gamay majeur, et des crus plus prestigieux comme Côte Rôtie et Condrieu, sur les belles terrasses surplombant le Rhône au sud de Vienne. Au total, le vignoble dans le département représente plus de 16 000 ha en AOC. Les IGP (Collines Rhodaniennes dont les célèbres Vins de Vienne, Comtés Rhodaniens et même Méditerranée) sont plus marginales (850 000 hl).

Une AOC Fromage
Verger sur berges
Toutes les terres cultivables n’ont pas été colonisées par les vignes. Le département est également représentatif en termes d’exploitations laitières, de polyculture avec élevage, de maraichage et horticulture. En tête des productions, cerises, pommes, poires, pêches et laitues. La cerise Burlat a même été créée dans la région pendant la première guerre mondiale. On la doit à Léonard Burlat, un arboriculteur qui repère un beau cerisier dans le quartier Gerland encore peu urbanisé, prélève des greffons et les associe à un merisier sur sa propriété de Loire sur Rhône. Cette cerise rouge, charnue et facilement transportable, prospère dans de nombreux vergers au sud du département. Autres célébrités locales, la pêche de la vallée du Rhône et l’abricot, notamment le Bergeron né ici dans les années 20.
En légumes, on cultive la tradition du cardon de Vaulx-en- Velin, la blette d’Ampuis et la laitue de Pierre-Bénite. La filière fruits est particulièrement stratégique dans la région, d’ailleurs première productrice de fruits bios et représentant un tiers du verger national avec 25 000 ha et 400 000 tonnes de fruits. Cela se traduit par l’implantation d’usines agroalimentaires de renom se rapprochant de leur approvisionnements telles Bonduelle frais France, N°1 mondial du légume transformé, et N°1 en Europe des légumes conditionnés, Candia leader européen du lait grande consommation, Bledina, N°1 de l’alimentation infantile, Panzani, leader des pâtes alimentaires, Lustucru, leader des pâtes fraiches, Materne, premier producteur de confitures en marques distributeurs…
Sabodets, sapeurs et saucissons
La filière porc et lapin est aussi l’une des locomotive de la région, Rhône-Alpes étant la troisième région productrice de charcuterie (130 000 tonnes par an) et leader des salaisons sèches. Quenelles et rosettes, saucisses et sabodets, pâtés en croute et saucissons en brioche abondent sur les étals des Halles de Lyon. Ce sont les élevages des Monts du Lyonnais qui sont à l’origine de ces traditions de cochonnailles lyonnaises. Au XIXème siècle, les cuisinières de la bourgeoisie, surnommées les « Mères » lyonnaises, se sont mises à leur compte et ont fait la notoriété de la gastronomie locale au point qu’en 1935, le célèbre gastronome Curnonsky qualifiait Lyon de « capitale mondiale de la gastronomie ». La métropole possède d’ailleurs l’une des plus grandes concentrations de restaurants par habitant en France, notamment les typiques « bouchons » (25 labellisés), au décor et mobilier en bois, vieux carrelages et nappes à carreaux sur les tables où l’on sert la cuisine traditionnelle, cervelle de canut, tablier de sapeur ou un mâchon le matin.