Primeur depuis trois décennies, Lionel Exbrayat exerce uniquement sur les marchés. « J’ai un marché de plein vent à Suresnes et un marché couvert à Courbevoie, je suis sur les mêmes emplacements depuis trente ans. » Depuis quelque temps, le primeur se félicite de voir que les consommateurs sont de plus en plus exigeants vis-à-vis de la qualité des produits. Par exemple, il constate « un vrai retour au goût de la tomate. Les clients ne veulent plus de ces tomates grappe qui n’ont pas de goût et se conservent un mois dans le réfrigérateur. On va vers de nouveaux produits type tomate anciens. Il y a des producteurs, comme Jardin d’Ardèche, qui travaillent très bien. » Chaque jour, il sélectionne à Rungis des produits haut de gamme et de saison. « Évidemment s’ils sont français, c’est mieux, mais quand on n’a pas le produit chez nous, on est bien content de le trouver ailleurs. »
Pour animer son stand, qui compte 60 à 70 références, Lionel Exbrayat se tourne de plus en plus vers la fraîche découpe, en partie réalisée par lui et en partie déjà préparée. Il propose par exemple des haricots verts vendus en barquette, déjà éboutés, prêts à mettre en œuvre. « Ils sont datés, et les clients apprécient. » Lionel et son employé écossent les petits pois sur place, et les vendent dans la matinée. Même chose pour les ananas, qu’ils découpent directement sur le stand devant ses clients grâce à une machine.
Passionné par la qualité des produits, Lionel Exbrayat n’hésite pas à être matinal pour obtenir les produits qu’il souhaite. « Les détaillants arrivent désormais de plus en plus tôt sur le carreau, parfois avant 6 heures, ce qui n’était pas le cas autrefois. Il y a une telle course à la qualité qu’il faut être là quand la marchandise arrive pour être le premier servi », poursuit-il. Il déplore parfois une certaine indiscipline chez les acheteurs et ne serait pas contre un peu plus d’organisation pour éviter le télescopage entre les approvisionnements et les enlèvements par les détaillants. « Nous devons avoir tous le souci du bien commun pour faire vivre dans l’harmonie ce très bel outil de la filière fruits et légumes. »
Caroline Maréchal

Dixit
Infos clés Lionel Primeurs
• Marché de Suresnes le mercredi et le samedi
• Marché couvert de Courbevoie le jeudi matin, le vendredi après-midi et le dimanche matin
• Étalage de 60 à 70 produits
• 1 salarié à plein temps
• 75 % du chiffre d’affaires réalisé le samedi et le dimanche
Bio
Lionel Exbrayat, 55 ans, est primeur depuis trente ans. Il a commencé dans sa jeunesse à travailler sur les marchés le week-end, pour se faire de l’argent de poche. Après des études de comptabilité, il est retourné chez ce primeur. « J’ai racheté une partie de son activité en 1988. En quelques semaines, j’ai dû intégrer la partie achat du métier. » Il se rappelle ces grossistes, qui lui ont expliqué les produits, ce qui se faisait, ce qui ne se faisait pas, « de façon désintéressée et pédagogique ». Lionel Exbrayat se fournit toujours à Rungis, auprès des enfants de ses premiers grossistes, comme Banagrumes. « Les parents m’ont appris la différence entre une orange à jus et une orange de table. » Lorsque Lionel a un peu de temps libre, il est administrateur de Saveurs Commerce. « L’avantage d’une confédération professionnelle, c’est qu’on est toujours au courant des dernières réglementations, il y a des formations organisées par le CTIFL, sur la fraîche découpe par exemple, on vous explique les règles d’hygiène, l’intérêt économique, les coûts… C’est un vrai plus. On nous propose également des animations et des mises en avant de produits, c’est passionnant. »