Il y a des fruits qui ont tout pour plaire et d’autres qui, avouons-le, semblent au premier abord beaucoup moins bien dotés… Prenez le cas de la rhubarbe. Malgré le contraste spectaculaire entre ses grandes feuilles vertes et ses pétioles rouges, elle n’a pas le goût sucré des fraises et des nectarines mais une acidité telle que certains n’hésitent pas à sortir des sentiers battus de la compote, de la confiture et de la tarte meringuée pour la cuisiner avec des plats salés.
De la même façon, on oublie parfois de préciser que la rhubarbe est très peu calorique – sauf si on l’enterre sous une montagne de sucre pour en atténuer l’acidité – et qu’elle est riche en calcium et en magnésium, pour ne s’intéresser qu’à ses propriétés laxatives, dues à sa forte teneur en fibres. Certains prétendent que les feuilles de la rhubarbe (rheum barbarum alias « plante barbare de la Volga ») sont toxiques parce que chargées en acide oxalique. Ils rapportent ainsi que pendant la Première guerre mondiale un grand nombre de Britanniques furent intoxiqués en suivant les recommandations de leur gouvernement. De quoi nourrir les soupçons conspirationnistes à l’endroit d’une plante qu’il faudrait réhabiliter.