Il ne faut pas craindre l’excès d’AbondanceIl ne faut pas craindre l’excès d’Abondance

Il ne faut pas craindre l’excès d’Abondance

Ce fromage de Haute-Savoie est tout aussi délicieux qu’il est beau

Si le faisan est considéré comme le roi des gibiers et le ris de veau comme le souverain des abats, il est un fromage qui fait mieux encore et a rang de pape… Ainsi la tradition orale de Haute-Savoie prétend-elle que les moines de l’abbaye d’Abondance expédièrent, en 1381, quinze quintaux du fromage éponyme au conclave d’Avignon, en charge d’élire un pape. Sans doute y-a-t-il une petite erreur sur la date, soit dit en passant, puisqu’il n’est pas de trace, dans les chroniques, d’un tel événement. En 1378, en revanche, année du Grand Schisme d’Occident, se tinrent deux conclaves : l’un, à Rome, voyait un Transalpin (Urbain VI) prendre place sur le trône de Saint-Pierre, tandis que l’autre, en Avignon, consacrait Clément VII comme Antipape. Mais passons…
C’es donc très certainement Clément VII qui eut l’insigne honneur de déguster de l’Abondance : autant le dire tout de suite, cela valait bien un schisme ! Car ce fromage, protégé par une AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) depuis 1990 et bénéficiant de plus de cent jours d’affinage, fait valoir des arômes subtils, au goût délicat de noisette. Et que dire de sa robe : la croûte explore avec poésie une palette de nuances entre l’or et l’acajou, tandis que la pâte souple tire sur l’ivoire !
Avec un fromage pareil, abondance de biens ne nuit pas !