L’Europe a importé plus d’un million de tonnes d’ananas en 2018, ce qui constitue un record absolu pour ce fruit exotique longtemps marginal, mais qui depuis le début des années 1980 s’est largement « démocratisé ». C’est Christophe Colomb qui repère l’ananas dans l’île de la Guadeloupe. Il ramène ce fruit étrange en Europe, mais il faudra plusieurs décennies pour que l’on parvienne à le cultiver sous serre. Il était alors servi uniquement sur les tables des grands. Depuis la deuxième moitié du XXe siècle, et grâce au progrès du transport (bateau, avion), l’ananas est devenu le premier des fruits exotiques. En France, il est le 13e fruit le plus consommé. On le trouve toute l’année sur les étals et dans les rayons, mais la pleine saison s’étale d’octobre à avril. Longtemps dominée par les pays de l’Ouest africain (Côte d’Ivoire, Cameroun, etc.), la production mondiale d’ananas est maintenant l’affaire de l’Amérique du Sud et, notamment, d’un pays, le Costa Rica. Ce pays fournit à lui seul plus de 80 % du marché européen. Selon les premiers chiffres des douanes, sa part de marché sur le continent aurait atteint 89 % en 2018. Il y a seulement dix ans, le Costa Rica ne pesait « que » 73 % du marché européen. En une décennie, les volumes exportés vers le Vieux Continent ont augmenté de plus de 50 %, alors que la progression du marché européen était de 12 % sur la même période*. Il ne reste donc que des miettes pour les autres origines, qu’elles soient sud-américaines (Équateur, 34 000 tonnes ; Colombie, 11 000 tonnes ; Panama, 9 500 tonnes ; Honduras, 3 000 tonnes), d’Amérique centrale (2 000 tonnes en provenance de République dominicaine) ou ouest-africaines (Côte d’Ivoire, 24 000 tonnes, Ghana, 12 500 tonnes, Cameroun, 3 000 tonnes). « Le rouleau compresseur costaricain est en marche et ne laisse pas de place aux prétendants », écrit Denis Loeillet, agroéconomiste, responsable de l’Observatoire des marchés du Cirad*.
Ananas frais – UE/parts de marché par origine 2018 (estimation en tonnes)
Pendant longtemps, le marché de l’ananas a été dominé par une variété, le Cayenne lisse. Mais le Sweet (ou MD-2), un hybride d’origine hawaïenne, lui a ravi cette première place, au point de devenir quasiment hégémonique. 80 % des ananas importés par les pays de l’Union européenne sont de la variété Sweet. Les autres variétés sont plus confidentielles. On peut citer toutefois le Queen (ou Victoria) ou l’ananas bouteille (de forme plus allongée).
Grâce aux territoires d’Outre-mer, la France est le premier producteur européen d’ananas. Essentiellement grâce l’île de la Réunion qui produit principalement de l’ananas Victoria. Selon les derniers chiffres disponibles**, la production française s’établit entre 26 000 et 28 000 tonnes dont 15 000 tonnes à La Réunion, 7 000 tonnes en Guyane, 2 000 tonnes en Guadeloupe, 2 000 tonnes à Mayotte, et 600 tonnes en Martinique. En dehors de La Réunion, les autres productions sont principalement destinées au marché local. On trouve surtout le Victoria de La Réunion au moment des fêtes. Il peut-être expédié vers la métropole par bateau ou par avion. L’ananas Victoria de La Réunion dispose d’un Label rouge depuis 2005.
Ananas frais – UE /importations 2018
(estimation en tonnes)
Olivier Masbou
* Source : FruiTrop n° 260, novembre 2018.
** Production française à destination du frais en tonnes : source Agreste – SAA, moyenne 2015-2017.