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Fleurs & plantes

Vers une nouvelle ère ?

La crise épidémique et notamment le confinement ont eu des effets ravageurs sur la production française. Mais ils ont aussi révélé l’attachement des Français pour les fleurs et les plantes, de provenance locale sur laquelle la filière entend capitaliser.

Le printemps 2020 aura eu des allures d’hiver pour le secteur des fleurs et plantes. «C’est toute la filière qui a connu un immense passage à vide», résume Mikaël Mercier, le président de Val’Hor, l’interprofession des fleurs et plantes.

Mikaël Mercier Val Hor

Mikaël Mercier, président de Val’Hor.

Selon une vaste enquête réalisée par PwC pour Val’Hor et FranceAgriMer auprès de 2 000 entreprises du secteur, le chiffre d’affaires (de la production à la distribution en passant par les paysagistes) a dégringolé de 35 % en mars (par rapport à mars 2019), puis de 28 % en avril. L’activité ne s’est stabilisée qu’en mai (- 2 %), pour redécoller en juin (+ 17 %), soit un bilan de – 14 % sur l’ensemble de cette séquence. Les producteurs, notamment ceux qui sont concernés par les cultures de printemps, ont lourdement fait les frais de la crise, avec une chute de leur chiffre d’affaires de 17 % sur la période de mars à juin. Les spécialistes de la fleur coupée ont été encore les plus impactés avec des pertes s’élevant à plus de 50 %. Certaines familles professionnelles s’en sont mieux sorties pendant ces quatre mois. Les jardineries et les libres-services agricoles (- 3 %) ont notamment bénéficié de l’engouement des Français confinés pour le jardinage. En revanche, les fleuristes, classés commerces «non indispensables», (- 39 %), leurs fournisseurs grossistes (- 26 %) et les paysagistes-concepteurs (- 24 %) ont payé un très lourd tribut au quasi-arrêt du commerce pendant plusieurs semaines.

 

Les fleuristes en première ligne

Fleurs de France

«Les conséquences économiques et sociales de la crise qui a touché le secteur horticole sont très importantes», assure Mikaël Mercier. En effet, 6 % des entreprises ayant répondu à l’enquête ont ainsi déclaré avoir cessé leur activité définitivement à la suite du confinement. La proportion est moindre chez les producteurs (4 %), mais très élevée chez les fleuristes (15 %).  «Les détaillants les plus dépendants des réceptions et mariages sont les plus menacés», déclare Mikaël Mercier. «Je tiens à ce propos à saluer l’engagement d’Alain Griset, le secrétaire d’État aux PME, lors du récent salon Novafleur de Tours, à ce que les fleuristes puissent bénéficier du plan de soutien lié à l’événementiel.» Si les pertes occasionnées par la pandémie ne pourront être récupérées, la crise a aussi révélé le profond attachement des Français aux fleurs et aux plantes, qui en ont été privés par le confinement. «Les ventes ont été très fortes à la sortie du confinement, en mai, juin et même juillet, avec des chiffres records pour la fête des Mères», observe Mikaël Mercier. La situation a cependant «surtout profité aux producteurs qui disposaient de gammes de fin de saison, comme des hortensias».

 

Les produits locaux plébiscités

Au-delà de ces pics de consommation, la crise a fait ressortir une attente très forte de végétal, selon le président de Val’Hor. «Cela s’est traduit par l’engouement des Français pour le jardinage pendant le confinement (pour ceux qui disposaient d’un jardin), par le boom des transactions immobilières vers la campagne ou encore par l’engagement de nombreuses municipalités dans des programmes de végétalisation», estime Mikaël Mercier. «La crise a été un révélateur et un déclencheur.» Les événements de l’année 2020 ont ainsi contribué à accélérer certaines tendances en matière d’achat. «Comme dans d’autres secteurs de la consommation, on a observé une volonté des acheteurs de privilégier les produits français, voire locaux», relaie le président de Val’Hor. «On s’en est aperçus par le nombre de coups de fil de fleuristes qui nous sollicitaient pour trouver des productions locales.»

Laurent Verrechia

Laurent Verrecchia, cogérant d’AVO-Green Concept.

«C’est un phénomène de fond, porté par la génération des 25-35 ans», confirme Laurent Verrecchia, cogérant d’AVO-Green Concept à Rungis et représentant

des grossistes. «Mais l’offre a du mal à suivre, tant en volume, qu’en régularité et en prix», souligne le commerçant. «  Je suis convaincu que cette évolution constitue pour le maillon producteurs-grossistes-fleuristes, une très belle opportunité. Mais pour que l’on réussisse, il faut que l’on parvienne collectivement à constituer des filières françaises de production et de commercialisation, sur la base de cahiers des charges et d’engagements précis», poursuit-il. «Quand les produits existent, il faut qu’ils restent sur le marché français et à des prix accessibles», précise-t-il. Pour Mikaël Mercier, le président de Val’Hor, c’est aussi une occasion de renforcer la démarche collective Fleurs de France, réservée aux végétaux produits par des horticulteurs et pépiniéristes français engagés dans une démarche écoresponsable ou de qualité reconnue. «Il faut que nous capitalisions sur l’engouement de consommateurs. L’idéal serait que les fleurs coupées bénéficient du même affichage obligatoire de l’origine, comme les fruits et légumes. Cette évolution, qui passe par une réglementation européenne, fait partie de nos chantiers.»

 

Un comité stratégique mis en place par les dix fédérations professionnelles constituant Val’Hor s’est saisi de ces questions dès le mois de mai dernier. Son rapport a permis de définir quatre enjeux clés d’avenir (« produire », « recruter », « moderniser », « végétaliser ») et de suggérer des pistes d’actions aux entreprises de la filière. «Je suis convaincu que les grossistes, notamment ceux de Rungis, auront toujours un rôle essentiel à jouer à l’avenir dans la distribution», assure Mikaël Mercier, lui-même producteur au sein d’un groupement en Bretagne… qui dessert Rungis. «La vente est de plus en plus fine et souvent de plus en plus délicate à assurer, notamment en ville. Le savoir-faire en matière logistique est un atout considérable.»
B.C.

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Un secteur dynamique malgré les difficultés

La filière horticole française constitue un secteur économique dynamique, malgré une production déficitaire. Elle représente, à travers l’ensemble de ses métiers, près de 14 Md€ de chiffre d’affaires, plus de 52 000 entreprises et 170 000 emplois. La production compte à elle seule 3 300 entreprises représentant 18 000 emplois, pour un chiffre d’affaires de 1,4 Md€. L’amont du secteur souffre cependant d’une « compétitivité qui se dégrade face aux importations croissantes », « du repli du nombre d’exploitants nationaux » et « d’un manque d’investissements », estime le rapport PwC.

 

La rénovation du C1 prend forme

Vaisseau amiral du secteur des fleurs et des plantes, le bâtiment poursuit sa mue, avec l’émergence progressive de grandes cellules modernes et réfrigérées.

Les travaux battent actuellement leur plein sous le toit de l’immense pavillon des fleurs et plantes de Rungis qui s’étend sur près de 21 000 m2. Après la terrible parenthèse du confinement, la rénovation du vaisseau amiral du secteur, lancée en 2018, a repris son cours. Le C1 présentera d’ici à 2022 un visage profondément renouvelé, avec une surface commerciale densifiée, des magasins agrandis et modernisés, mais une diversité de l’offre toujours aussi large.

La serre

La Serre, un point de repère dans le bâtiment où grossistes, acheteurs et visiteurs pourront se retrouver.

Le point d’orgue du projet est le montage d’une série de grands magasins de nouvelle génération le long de trois des quatre côtés du bâtiment. Ils ont été conçus, pour leur partie extérieure, en étroite concertation entre les grossistes et la Semmaris, les entreprises restant bien sûr entièrement libres de leurs aménagements intérieurs. Le principe retenu a été celui de cellules refermables pouvant être intégralement mises sous froid. Elles permettent aux grossistes de pouvoir conserver leurs marchandises dans des conditions optimales hors des périodes de vente, sans avoir à en passer par de lourdes manutentions vers des frigos de plain-pied ou en sous-sol.  Pendant les ventes, ces magasins, spacieux, s’ouvrent largement sur l’extérieur, offrant un accès confortable aux visiteurs.

En début d’année, deux entreprises, April Fleurs et Leclercq, ont emménagé dans les premiers postes réalisés selon ces normes (respectivement de 300 et 400 m2) et ont servi de références pour les grossistes du secteur. L’édification de quatre autres cellules, de 800 m2 chacune, a été actée. Les travaux ont démarré en juin pour deux d’entre elles et vont être lancés ces jours-ci pour les deux autres.

Les sociétés AVO et Green Concept, jusqu’ici locataires à deux postes différents, ont ainsi décidé de se regrouper au sein de l’une de ces cellules périphériques de grande taille. «C’est un investissement de long terme que nous avons maintenu malgré les difficultés actuelles», commente Laurent Verrecchia, cogérant des deux sociétés avec son associé Olivier Jérôme. «Nous souhaitons notamment nous renforcer dans le domaine logistique, qui est l’une des clés pour l’avenir de notre métier. Nous voulons notamment être plus forts sur les produits français et méditerranéens», poursuit le grossiste, qui entend également se doter d’un système d’information ERP. «Tout ce qui ira dans le sens d’une amélioration de notre outil est une bonne chose», souligne Laurent Verrecchia.

 

Un espace de détente

L’ouverture des nouvelles cellules va entraîner parallèlement le déménagement d’entreprises au sein du pavillon au courant de l’année prochaine 2021. Au terme de ce chassé-croisé, les entreprises qui auront souhaité agrandir leurs capacités commerciales et de stockage auront pu le faire, tandis que l’ensemble des opérateurs du pavillon se seront vus offrir la possibilité de pérenniser leur activité sous un pavillon. La diversité du secteur sera en effet préservée, avec la présence sous un même toit des grossistes (au nombre de 36, dont trois feuillagistes), des producteurs de plantes en pot et de fleurs coupées.

Les parties communes ont elles aussi connu un sérieux lifting ces derniers mois. Le toit a en effet été entièrement rénové et un puits de lumière a été ouvert à cette occasion au cœur du bâtiment. Celui-ci surplombe une nouvelle « zone de détente », dotée d’un stand d’accueil, de sanitaires et d’une terrasse. L’objectif de ce lieu, baptisé « La Serre » est de représenter un point de repère dans le bâtiment où grossistes, acheteurs et visiteurs pourront se retrouver. La chambre syndicale des fleuristes pourra notamment y assurer des animations pour les détaillants de passage.

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Le sapin de Noël, culture écologique

Malgré les polémiques sur « l’arbre mort », le sapin de Noël devrait encore avoir toute sa place dans de nombreux foyers français cette année. Peut-être encore plus que les années précédentes, le besoin de se retrouver en famille promettant d’être une valeur sûre cette année ! Loin de favoriser la déforestation, la culture du sapin est une culture agricole à part entière, a tenu à rappeler cette année l’Association française du sapin de Noël naturel. C’est une plante cultivée et bel et bien écologique. Pour chaque sapin proposé pour les fêtes de Noël, un nouvel arbre est en effet replanté. Pendant leurs années de croissance, les arbres captent également du CO2 et rejettent de l’oxygène. En culture, les sapins constituent des sites de nidification reconnus de nombreux oiseaux. Les sapins naturels sont enfin largement recyclables. Ceux qui sont achetés en motte ou en pot peuvent être replantés dans le jardin. Ceux qui ne le sont pas peuvent être transformés en compost ou en bois de chauffage. Il existe en effet des points de collecte des sapins de Noël en ville comme à la campagne. En 2019, on estime que pas moins de 5,8 millions de sapins de Noël naturels ont été achetés par les Français. Une bonne partie du commerce en Île-de-France et au-delà passe par le Marché de Rungis.