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La France ramène sa fraise

Concurrencée par les fraises d’Espagne, de Belgique ou des Pays-Bas, la fraise française affiche pourtant une croissance en volume comprise entre 3 et 4 % en 2018 pour la seule AOPn (Association d’organisations de producteurs nationale) Fraises de France.

Sur les 55 000 tonnes produites environ l’an passé dans l’Hexagone, l’association de producteurs Fraises de France est à l’origine de 22 000 tonnes de fraises. L’AOPn affiche ainsi une belle santé économique et annonce une hausse de 3 à 4 % des volumes entre 2017 et 2018, selon Xavier Mas, son président. Cette association réunit une trentaine d’organisations de producteurs, pour un total de 550 intervenants essentiellement répartis dans le Lot-et-Garonne et la Dordogne. À eux deux, ces départements concentrent la moitié de la production nationale de fraises chaque année. « Le marché de la fraise est très morcelé avec beaucoup de petits producteurs en circuits courts. Mais au sein de l’AOPn, on trouve aussi de gros metteurs en marché, à l’instar de Clair & Vert (5 000 tonnes) ou encore Savéol (3 000 tonnes) », explique Xavier Mas. La consommation de fraises a particulièrement le vent en poupe en France, mais la seule production hexagonale ne permet pas de couvrir les besoins de tous les consommateurs : 2,6 kg de fraises sont ingurgités par an et par ménage, pour une consommation totale de 110 000 tonnes environ sur notre territoire. « Les fraises étrangères proviennent majoritairement d’Espagne. Elles sont plus accessibles que les françaises, mais nous gagnons des parts de marché grâce à notre démarche de qualité. Le prix de vente aux détaillants se situe autour de deux euros le kilo en Espagne contre huit euros pour nos fraises », ajoute-t-il. Les grossistes absorbent 40 % des volumes de fraises françaises de l’AOPn, pour une consommation saisonnière s’étalant de mars à juin. La charlotte et la mara des bois – qui sont les variétés les plus cultivées en France, aux côtés de la gariguette (la plus précoce), la cléry et la ciflorette – ont quant à elles, la particularité d’être « remontantes » et produisent ainsi jusqu’en novembre.

De retour sur les étals

En effet, la fraise française est récoltée à la main dès les premiers jours du printemps. Les fraisiers, qui peuvent avoir plusieurs cycles de fructification, ainsi que le panachage de variétés, permettent aux producteurs de commercialiser des fruits jusqu’aux premières gelées. « Notre engagement en faveur de la qualité se poursuit avec l’adoption, cette année, d’une certification de niveau 3 quant à la démarche Haute valeur environnementale. Concernant le bio (1 à 2 % des volumes), les variétés anciennes sont plus fragiles et demandent des soins importants. Nous observons d’ailleurs un rapport de 1 à 6 en termes de coûts de production », précise le président de l’AOPn Fraises de France. La filière a également adopté la protection biologique intégrée (PBI), qui consiste à utiliser des insectes pour protéger les plantations : « Un réseau de 13 fermes DEPHY Écophyto 2018 nous permet également d’optimiser ce type de démarche. Par ailleurs, nous privilégions les jardins suspendus, à hauteur d’homme, pour un plus grand confort de travail. Cela contribue aussi à mieux maîtriser le climat dans les serres, tout en simplifiant la PBI. » L’AOPn enregistrait une croissance annuelle de 5 à 6 % en volume depuis une décennie environ. Cette croissance a donc légèrement fléchi en 2018 et les ventes restent globalement stables, mais les consommateurs « trouvent aujourd’hui sur les étals de plus en plus de fraises françaises, autour de 40 % contre 30 % il y a six ans, ce qui est encourageant ».

Mickaël Rolland