C’est l’une des mesures phares de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC). À compter du 1er janvier 2022, l’interdiction progressive des emballages plastiques pour les fruits et légumes frais entrera en vigueur. « Alors qu’on estime que 37 % des fruits et légumes sont aujourd’hui vendus sous emballage, cette mesure permettra de supprimer plus d’un milliard d’emballages en plastique inutiles chaque année », estime le ministère de la Transition écologique. Au début, les fruits et légumes les plus fragiles, ou ceux qui sont vendus par lots de plus d’1,5 kg, seront exemptés de cette disposition. Mais au plus tard le 30 juin 2026, tous les fruits et légumes frais seront vendus sans emballage plastique. Le décret encadrant cette disposition est paru au Journal officiel du 12 octobre. Ainsi, dès le 1er janvier, une trentaine de fruits et légumes seront vendus sans emballage plastique dont une quinzaine de légumes : poireaux, courgettes, aubergines, poivrons, concombres, pommes de terre et carottes, tomates rondes, oignons et navets, choux, choux-fleurs, courges, panais, radis, topinambours, légumes racines. Du côté des fruits, ce sont notamment les pommes, poires, oranges, clémentines, kiwis, mandarines, citrons, pamplemousses, prunes, melons, ananas, mangues, fruits de la passion, kakis, etc. Le décret prévoit un calendrier permettant de trouver et de déployer des solutions alternatives d’ici au 30 juin 2026, pour les fruits et légumes présentant un risque important de détérioration lors de leur vente en vrac. Par exemple, les pêches et les abricots, les fruits mûrs à point ; les graines germées, les fruits rouges, ou encore les légumes « primeurs », c’est-à-dire récoltés au printemps, avant leur pleine maturité. Ils bénéficieront de délais du 30 juin 2023 au 30 juin 2026. Un délai de tolérance de six mois pour écoulement des stocks d’emballage est également prévu. La filière fruits et légumes a mal vécu la façon dont cette disposition, qui va impacter la vie de toutes les entreprises, a été décidée et mise en place. L’interprofession des fruits et légumes frais Interfel s’est déclarée « surprise » d’apprendre le contenu du décret par voie de presse. L’organisme s’étonne par ailleurs que les fruits et légumes frais soient visés par cette interdiction alors qu’il représente l’une des principales filières qui maintient la vente en vrac, avec près de 65 % des produits vendus sous cette forme. Par ailleurs, les fruits et légumes frais représentent, sur le champ de cette loi, moins d’1,5 % des conditionnements plastiques utilisés dans le secteur alimentaire. Interfel regrette par ailleurs que certaines propositions pragmatiques formulées par la filière n’aient pas été retenues telles que l’utilisation de plastique 100 % recyclable pour les emballages de fruits et légumes (autorisée par ailleurs dans tous les autres secteurs !). « Nous espérons fortement que cette mesure “ franco-française ” (en décalage avec la directive européenne sur les plastiques à usage unique) et exclusivement sectorielle ne pénalisera pas la place des produits français au sein de l’espace européen et que le consommateur plébiscitera dans ses achats alimentaires les fruits et légumes frais » conclut Interfel.
Olivier Masbou