La ferme de Brian Nicholson, éleveur à Kilkenny, au sud-ouest de l’Irlande, est typique de la production ovine du pays. Son troupeau de brebis s’ébat la majorité de l’année sur la centaine d’hectares de pâturage que compte l’exploitation familiale. « Les naissances ont lieu au printemps et l’élevage des agneaux correspond à la saison de pousse de l’herbe, qui dure près de neuf mois », précise l’éleveur. Ce modèle d’élevage extensif constitue l’un des atouts de la production ovine irlandaise, fer de lance du programme « Origin Green » de développement durable de l’agroalimentaire irlandais. Une carte verte que n’hésitent pas à mettre en avant ses promoteurs à l’export, un secteur stratégique pour ce petit pays dont plus de 70 % de la production ovine part à l’étranger.
Dans un contexte troublé par le Brexit puis par la Covid, l’image de qualité et de régularité de l’agneau irlandais lui a profité ces deux dernières années. En 2020, les éleveurs du pays, deuxièmes fournisseurs de viande ovine de la France, ont été les seuls à préserver leurs positions sur un marché français en décroissance et qui privilégiait alors l’origine nationale. En pleine crise, les exportations irlandaises ont progressé de plus de 10 % vers la France, tandis que les expéditions du leader britannique chutaient lourdement (- 17 % en volume), tout comme celles d’Espagne (- 27 %) et de Nouvelle-Zélande (- 30 %).
Le décor a quelque peu changé depuis le début de l’année. « Sur les huit premiers mois de 2021, les expéditions d’agneaux vers la France ont progressé de 6 % en valeur par rapport à 2020 mais elles ont baissé de 14 % en volume », explique Germain Millet, spécialiste du marché des viandes à Bord Bia. Un trou d’air que le responsable de l’office de promotion des produits alimentaires irlandais attribue notamment à la réorganisation des flux intra-européens à la suite du Brexit.
En dépit de ces montagnes russes, l’Irlande a conforté depuis le Brexit son rôle de partenaire privilégié de la France. « Depuis le début de l’année, la France reste le premier débouché des exportations irlandaises, avec 29 % des expéditions, loin devant le Royaume-Uni », poursuit Germain Millet. Portée par quelques industriels bien connus des importateurs français (Dawn Meats, Irish Country Meats, Kepak ou encore Kildare Chilling), la filière export s’appuie notamment sur le Marché de Rungis où une grande partie des carcasses est distribuée par les grossistes et parfois découpée sur place.
Malgré un contexte très favorable en ce qui concerne les prix depuis deux ans, l’éleveur Brian Nicholson ne s’enflamme pas. « La conjoncture ne va pas me conduire à agrandir le troupeau, précise le producteur. Les recettes supplémentaires issues de la vente seront réinvesties dans les infrastructures de la ferme de manière à réduire la pénibilité du travail et à améliorer la productivité », assure-t-il.
Bruno Carlhian
Bord Bia
Office de promotion des produits agroalimentaires irlandais
33, rue de Miromesnil
75008 Paris
Tél. : 01 42 66 22 93
55%
de l’agneau irlandais est produit selon le cahier des charges SBLAS (Sustainable Beef and Lamb Assurance Scheme) déclinaison pour le secteur du programme national Origin Green
60%
des exportations irlandaises vers la France en volume se font en carcasses réfrigérées et le reste en pièces, principalement réfrigérées
L’histoire
La ferme de Brian Nicholson, située à 150 km au sud de Dublin, compte environ un millier de brebis de races Belclare, Texel, lleyn, Suffolk et Easycare. C’est une exploitation gérée familialement avec un employé à temps plein et du personnel d’appoint pendant les agnelages. Environ un millier d’agneaux partent à la consommation chaque année et sont abattus chez Irish Country Meats, dont l’abattoir est situé à Wexford, à 80 km sur la côte. Une bonne partie de ces agneaux est destinée, comme la majorité de la production irlandaise, à l’export.
Le maintien de la biodiversité sur ma ferme est une priorité. J’essaie d’y contribuer grâce à l’entretien des haies ou à des semis de fleurs pour favoriser les insectes pollinisateurs.