Francis Fauchère considère que l’orientation de la consommation de viande vers des produits qualitatifs et festifs constitue une opportunité pour son entreprise Eurodis mais aussi pour l’ensemble des professionnels du secteur. Après des années de stagnation, voire de baisse, les apports sous le V1P ont progressé en 2017.
La baisse sensible de la consommation de viande ces dernières années en France n’inquiète pas plus que de raison le président des grossistes en viande de Rungis. « Les Français aiment toujours la viande, ils ont seulement changé de regard sur elle, assure Francis Fauchère. Ils n’attendent plus un produit nutritif, mais avant tout festif. Cela implique peut-être des quantités un peu moindres, mais c’est un changement de statut qui me rend plutôt optimiste pour l’avenir de la viande. »
Il faut dire que des aléas, le grossiste en a vu d’autres. Après avoir fait ses armes sur le MIN au pavillon de la triperie, l’ancien cadre de l’industrie de la viande a repris la société Eurodis en 1996… quelques semaines avant que n’intervienne la première crise de la vache folle. « Reconnaissez que ce n’était pas le moment idéal pour reprendre une entreprise dans la viande ! » sourit aujourd’hui le dirigeant. Depuis ces débuts agités, Francis Fauchère n’a eu de cesse de faire progresser l’entreprise, en l’orientant résolument vers les créneaux qualitatifs. Eurodis commercialise de la viande bovine exclusivement issue de races à viande (« avec une préférence pour la limousine, la blonde d’Aquitaine et la parthenaise »), et des viandes de veau et d’agneau. Soucieux de répondre à toutes les attentes, l’entreprise commercialise également des viandes « premium » d’Écosse, d’Australie, des États-Unis ou encore du Japon.
Le chef d’entreprise, que son épouse Sophie a rejoint à la tête de l’entreprise, a vu sa fille Caroline s’intéresser à son tour au métier. Après avoir fait son stage de fin d’études de commerce chez Eurodis, elle s’est formée six mois durant chez l’industriel SVA aux différents métiers de la viande. Désormais « business developper » de l’entreprise familiale, Caroline Fauchère fait bénéficier l’entreprise de ses idées novatrices en matière de marketing mais aussi de développement digital. En matière de numérique, le père est cependant déjà un convaincu. « Nous avons été des pionniers en matière d’e-commerce de la viande en rachetant il y a dix ans le site eboucherie.fr », rappelle Francis Fauchère. Eurodis a mis en ligne il y a dix-huit mois un site vitrine qui a accru la notoriété de l’entreprise. « Désormais, neuf nouveaux clients sur dix nous arrivent par ce biais », se réjouit le patron d’Eurodis, qui fournit en viandes haut de gamme le site vente-privee.
S’il est convaincu de l’avenir du e-commerce, le grossiste croit également dans la pérennité du carreau. « Les entreprises de Rungis disposent du stock et de la logistique pour pouvoir répondre instantanément à la demande de n’importe quel client, argumente-t-il. Nous avons la chance d’accueillir au V1P des clientèles aux profils différents et complémentaires, ce qui nous permet de valoriser au mieux notre offre », souligne le président des grossistes, heureux de voir le V1P bénéficier à nouveau « d’une dynamique positive ».
Bruno Carlhian
Infos clés
Eurodis
2, rue de l’Aubrac
94150 Rungis
Tél. : 01 41 80 04 40
Chiffre d’affaires : 65 M€
Volume : 8 000 tonnes
600 clients desservis en France et en Europe (60 % en Île-de-France et 40 % dans le reste de la France et dans les pays limitrophes)
Personnel : 36 employés
Bio
« Né dans le secteur » avec des parents ayant exercé tous les métiers de la filière, de l’élevage à la distribution, Francis Fauchère a occupé très tôt des responsabilités dans le milieu de la viande. Frais émoulu de son école de commerce, il entre comme stagiaire chez Socopa où il passe les quatorze premières années de sa carrière. Directeur de l’abattoir du Mans à seulement 22 ans, il acquiert expérience et carnet d’adresses au sein du groupe coopératif avant de chercher à voler de ses propres ailes. Il fait ses débuts à Rungis en prenant la tête de l’entreprise de produits tripiers Pommier Trepin Cousin pendant cinq ans avant de reprendre en 1996 la société Eurodis. Sa femme Sophie, chargée du personnel et de l’administration, l’a rejoint depuis à la tête de l’entreprise, puis sa fille Caroline.
Dixit
« Depuis deux ans, le pavillon de la viande, qui avait essuyé les défaillances de plusieurs entreprises, a repris des couleurs. L’arrivée des groupes Bigard, Le Delas (Provinces Gastronomie) et récemment Novoviande nous a redonné de l’allant. Un pavillon comme le nôtre a besoin d’émulation et de concurrence : c’est ce qui crée de l’attractivité. On commence à bénéficier des fruits de ce regain d’activité. Cette année, nous devrions afficher une légère croissance (de 2 à 3 %), après presque une décennie de baisse. »