Arboricultrice et présidente de la Fédération nationale des producteurs de fruits
Une « femme de conviction »
C’est par le chasselas de Moissac (dont on célèbre les 50 ans de l’AOP en ce mois de septembre) que Françoise Roch est arrivée en arboriculture. Productrice de raisins, de prunes et de pommes, elle est aujourd’hui la première femme à présider le syndicat national des producteurs de fruits.
« J’avais envie de toucher de près la production, d’aller au bout de quelque chose. J’ai fait le saut. » Nous sommes en 1995. Françoise Roch, qui travaille au sein d’un groupement d’arboriculteurs, décide de s’installer. Elle rejoint, comme associée, le GAEC de Labarthe à Moissac (Tarn-et-Garonne). Sur cette petite exploitation, trois arboriculteurs produisent des pommes, des prunes, et, la star locale, le chasselas de Moissac. Le tout sur 10 ha seulement. Françoise reprend les parts d’un associé qui prend sa retraite, et le GAEC peut continuer à tourner avec trois associés. Devenir, entre autres, productrice de chasselas de Moissac, c’était presque un rêve qui se réalisait. « C’est le fruit qui m’a donné envie de m’installer », se souvient-elle.
Ce raisin, qui célèbre les 50 ans de son AOP en ce mois de septembre, bénéficie d’un « savoir-faire ancestral ». « C’est un produit qui doit être impeccable. Il doit présenter un bon visuel, et doit être extrêmement qualitatif. » Son cahier des charges est très rigoureux : le produit doit être préparé dans la ferme, les grappes soigneusement disposées sont emballées à la main, chaque colis devant porter le nom du producteur. « C’est une production très gourmande en main-d’œuvre, avec un coût de production élevé (2,3 à 2,5 € le kg). Cela devient un produit de luxe. Il faut un vrai prix en face », revendique Françoise Roch. Car chez elle, le syndicalisme agricole n’est jamais très loin. Après 19 années passées à la présidence de la coopérative Quercy Soleil (une des coopératives adhérentes de l’Union Blue Whale), elle accepte en février 2020 de prendre la présidence de la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF). C’est la première fois qu’une femme accédait à cette fonction. « Femme de conviction, pour qui le collectif est une valeur essentielle, Françoise Roch entend mener les combats et défis qui attendent la filière de manière collaborative et concertée afin de favoriser l’installation des jeunes en arboriculture, de sécuriser la production de fruits et de diversifier ses débouchés », écrit alors la FNPF dans un communiqué. Femme de conviction, Françoise Roch l’est assurément. Et cela s’entend. « Le métier d’agriculteur devient compliqué. Le sociétal nous pousse vers une agriculture qui ne me convient pas vraiment, qui ne prend pas en compte l’économie. Il faut produite toujours plus pour moins cher. Et la société nous pousse à aller vers du toujours mieux. Le prix n’est pas en adéquation, cela devient compliqué. » Pour s’en sortir, le GAEC, qui ne veut pas grossir, tente de tirer sa production vers le haut, vers les produits où l’on peut trouver des prix rémunérateurs : pommes Ping Lady, nouvelles variétés de prunes très gustatives (Metis et Estiva notamment), raisins sans pépins, pommes bio. « Il faut ouvrir la ferme à la diversité. » L’exploitation est par ailleurs en label Vergers écoresponsables (pour les pommes) et a obtenu la certification Haute Valeur environnementale (HVE) il y a 2 ans. La ferme ne veut pas grossir. Les associés sont trop proches de la retraite. Mais il faut penser à la suite. « Comment convaincre des jeunes de se lancer dans ce métier ? » s’interroge Françoise Roch. C’est un des challenges à relever. Autre défi : la recherche et le développement. « On nous demande de sortir des produits phytosanitaires, sans nous en donner les moyens. Une partie de l’avenir va se jouer sur la R&D. » Françoise Roch insiste sur « l’importance d’avoir une agriculture en France. On parle beaucoup d’autonomie alimentaire. Mais nous avons perdu 40 % du verger national en 20 ans. On ne peut pas s’imaginer que tout peut se vendre à un prix dérisoire. Si nous voulons retrouver de la sérénité dans notre milieu, nous n’avons pas le choix. Il suffit de quelques centimes de plus sur le prix payé au producteur pour que l’on retrouve de la marge ». Olivier Masbou
Françoise Roch
GAEC de Labarthe
820, chemin de Labarthe,
82200 Moissac
Tél. : 05 63 04 04 65
3associés dans le GAEC sur
20 ha, dont 2 ha de chasselas de Moissac
9 ha de prunes
9 ha de pommes
L’histoire
Technicienne en arboriculture, au sein d’un groupement de 30 producteurs, dans la région de Moissac depuis 1986, Françoise Roch décide de s’installer. En 1995, elle reprend les parts d’un associé du GAEC de Labarthe qui prenait sa retraite. Très vite, elle aura des responsabilités professionnelles : Présidente de la coopérative Quercy Soleil (membre de l’Union Blue Whale) de 2001 à 2020, et depuis février 2020, présidente de la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF).
Le Marché de Rungis, comme les autres marchés de gros, c’est important pour nous producteurs. Plus on aura de choix de circuits de distribution, mieux nous pourrons nous en sortir et mieux nous pourrons valoriser nos produits. Le grossiste spécialisé a une vraie connaissance des produits.