Le comptoir bio ouvert par Dispéré en 2016 au sein du nouveau pavillon D6 répond aux objectifs du grossiste spécialisé en charcuterie et traiteur. « Cette activité nous a permis de créer du chiffre
d’affaires additionnel, mais aussi de conquérir une nouvelle clientèle, détaille Yann Berson, directeur général de Dispéré. Alors que nous attendions surtout des supérettes bio indépendantes, nous avons vu venir un grand nombre de restaurants “alternatifs”, bio, vegan ou food trucks, en quête d’une offre produits différente. Nous avons également eu la bonne surprise de constater que la clientèle traditionnelle de Dispéré, celle des bouchers, des charcutiers et des traiteurs, testait régulièrement des produits bio. L’interaction entre les deux activités est plus importante que prévu. » L’ouverture du magasin du D6 a été l’occasion pour Dispéré de démarrer un atelier de production de charcuterie et traiteur bio dans son usine de Sourdeval, dans la Manche. « C’est en quelque sorte un retour aux sources, puisque mes parents s’étaient lancés dans la production de salades traiteur bio dès 1999 », souligne Yann Berson. Par un curieux clin d’oeil de l’histoire, deux des fournisseurs de l’usine de l’époque, Pronatura et Dynamis, cohabitent aujourd’hui avec Dispéré bio au sein du bâtiment D6. « Nous fabriquons aujourd’hui 10 à 20 % des produits de charcuterie bio que nous commercialisons sous la marque Jeande-Kervil », précise le grossiste. C’est le cas des jambonneaux, jarrets, pâtés, et autres boudins blancs et noirs dont Dispéré est un spécialiste reconnu. « Comme on ne peut pas être le meilleur, ni le plus performant économiquement sur toutes les catégories de produits, nous avons contracté des partenariats avec d’autres fabricants, par exemple sur le jambon ou les rillettes. » Le chef d’entreprise se veut intransigeant sur la qualité des références qu’il commercialise. « Je pars du principe que les produits bio doivent être bons avant d’être bio. »
Des appros sécurisés
La préoccupation de Yann Berson est aujourd’hui de sécuriser ses approvisionnements en viande de porc bio, aujourd’hui aléatoires. « Nous venons de valider un accord avec un groupement de producteurs bio qui va nous permettre de disposer d’une plus grande régularité, mais aussi de travailler la qualité, dans un esprit de filière », se réjouit-il. Pas question pour autant de développer trop vite la production. « Nous allons prendre le temps de mettre au point de nouvelles références, qu’il s’agisse de la charcuterie ou du traiteur. » L’ouverture du nouveau commerce a enfin permis à l’entreprise d’élargir sa gamme d’épicerie fine ou de boissons. « Le bio est clairement un beau projet d’entreprise pour Dispéré, estime Yann Berson. D’ici à trois ans, j’aimerais que le bio représente un tiers de nos ventes, même si c’est sans doute un peu optimiste ! »
Bio
Ingénieur en électronique formé chez Matra Défense, Yann Berson a eu une première vie professionnelle dans l’informatique, entre 1995 et 2005. Après Matra Défense, il rejoint des start-up de l’internet avec lesquelles il est l’un des premiers en France à installer des firewalls dans les ministères, les universités et les grandes entreprises. « Pratiquement né à Rungis », où ses parents Fernand et Annie ont implanté Dispéré en 1975, il rejoint l’entreprise familiale en 2005 avec l’ambition de « mettre ses idées en oeuvre ». En 2014, Yann Berson succède à ses parents avec sa soeur Christelle. Il est à l’initiative de l’ouverture en 2016 de Dispéré Bio dans le nouveau bâtiment D6.
Dixit
Yann Berson
Je suis convaincu de l’intérêt du projet de marketplace, que j’ai été l’un des premiers à défendre auprès des grossistes, et que les grossistes doivent développer en étroite concertation avec la Semmaris. Internet est une source d’opportunités mais comporte le risque de se faire absorber une partie de son savoir-faire et de ses données. C’est pour cela qu’il est important de bien sécuriser tout cela. Je souhaite à terme développer une gamme d’outils digitaux pour nos clients. Nous avons franchi l’an dernier une première étape en refondant notre système informatique.
Francis Duriez
Infos clés
Dispéré
37, rue de Nîmes 94599 Rungis
Tél. : 01 46 87 33 00
CA : 10 M€ en 2017
Références : 1 500 (dont 300 en bio)
Clientèle au conventionnel : 4/5e de bouchers, charcutiers et traiteurs
Clientèle au bio : 1/3 de supérettes indépendantes, 1/3 de restauration, 1/3 de magasins traditionnels
Employés : 24 à Rungis (25 à l’usine)