C’est sans doute le père Jean-Baptiste Du Tertre qui, au XVIIe siècle dans son Histoire Générale des Antilles habitées par les François, s’est montré le plus éloquent au sujet de l’Ananas : « Il est le roi des fruits, car Dieu lui a mis une couronne sur la tête », s’enthousiasme-t-il.
Originaire des Amériques, il fait alors le régal des aventuriers et voyageurs européens ; on songe, entre autres, à Christophe Colomb, qui le déguste en Guadeloupe, ou à Jean de Léry qui, au XVIe siècle au Brésil, en fait son délice dans l’éphémère colonie française que nos compatriotes ont baptisé « France Antarctique ».
Introduit par les Bataves en Europe, le roi des fruits devient très vite le fruit des rois : Louis XIV, par exemple, le fait cultiver à Choisy-le-Roi pour complaire à la sévère madame de Maintenon. La palme en matière de galanterie revient cependant au général d’Empire Junot qui, confronté aux caprices de femme enceinte de son épouse, court tout Paris en offrant à quiconque lui dénichera un ananas une petite fortune… En vain. Fort heureusement, l’ananas bateau, cueilli avant maturation, et l’ananas avion, embarqué tout à fait mûr, garnissent désormais copieusement nos étals et nous préservent des folies de nos illustres aînés.


Ananas
roi des fruits, fruit des rois
Sa chair parfumée et sucrée en fait un dessert de choix