En matière de truffes, la France serait-elle déclassée ? À la fin du XIXe siècle, la France produisait 1 320 tonnes de truffes noires (tuber melanosporum). Le Sud-Est était à l’origine de 785 tonnes, soit l’équivalent de 60 % des volumes, avec comme principaux départements de production le Vaucluse, la Drôme, et les Alpes-de-Haute-Provence. Le Sud-Ouest agrégeait 445 tonnes avec une forte représentativité du Lot et de la Dordogne. Le Centre-Ouest produisait, quant à lui, le solde, soit 6,5 %, essentiellement en Charente.
Aujourd’hui, les régions productrices ont légèrement évolué, et la production trufficole a fortement diminué au fil des ans. Une érosion qui s’explique par la quasi-disparition des truffes sauvages, champignons qui aiment une forêt perturbée par l’homme avec un accès à la lumière, non encombrée de mousses, de lichens et de feuilles. « Les petits métiers de l’entretien de la forêt ont disparu, et avec eux, les truffières naturelles », commente Michel Tournayre, président de la Fédération française des trufficulteurs. Ainsi, la France a longtemps produit environ la moitié de la production mondiale de truffes noires, soit 250 tonnes les bonnes années, mais celle-ci est tombée à environ 40 tonnes par an en moyenne dans les années 2000.
De nos jours, la production de truffes se déroule à 80 % dans le Sud-Est avec la Drôme et le Vaucluse, notamment. Une appellation existe d’ailleurs : la truffe noire du Tricastin, avec une aire de production s’écartelant du nord du Vaucluse au sud de la Drôme. Par ailleurs, il y aurait 20 000 trufficulteurs dans l’Hexagone.La France, l’Italie et l’Espagne produisent à elles seules près de 90 % des truffes noires au niveau mondial. La production truffière de l’Espagne dépasse depuis trois ans celle de la France (45 tonnes de truffes récoltées entre 2017 et 2018 contre 30 tonnes pour la France).
M. R.
La truffe, diamant noir très prisé
L’Hexagone demeure le porte-étendard de cet atypique champignon aux incroyables qualités organoleptiques. Mais la production de truffes a fondu comme neige au soleil en quelques décennies, permettant ainsi aux truffes italiennes ou espagnoles de se tailler la part du lion.